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Réforme des retraites : manifestations plus fréquentes ou actions "plus dures"... Comment la suite de la mobilisation s'organise

L'intersyndicale appelle à une nouvelle journée de manifestation et de grève le 7 février, six jours seulement après celle du 31 janvier. Certains salariés estiment que cela ne suffit pas et évoquent des blocages. Etat des lieux des différentes stratégies.
Article rédigé par Sarah Lemoine - Boris Loumagne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le cortège de la manifestation contre la réforme des retraites, à Paris, le 31 janvier 2023. (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

Dans le cortège parisien contre la réforme des retraites, mardi 31 janvier, tous les manifestants sont convaincus d’une chose : les manifestations dans la rue, ça ne suffira pas, il va falloir aller plus loin dans la mobilisation.

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Vincent, de la CGT du ministère de la Culture qui défilait à Paris, l'assure : "Je crois qu'il va falloir passer à des choses beaucoup plus dures des fermetures sur plusieurs jours dans les musées comme le Musée national du Louvre, comme le musée d'Orsay, comme des grands monuments, comme l'Arc de Triomphe par exemple."

"Les objectifs, c'est de fermer et de faire mal en termes de rentrées financières pour le ministère."

Vincent, adhérent de la CGT du ministère de la Culture

à franceinfo

Durcir le mouvement, les syndicats de la justice y pensent aussi. Emmanuel est surveillant de prison et adhérent Force ouvrière : "Cela peut passer par le blocage des établissements pénitentiaires. C'est-à-dire que ceux qui sont en repos, ceux qui sont en CA peuvent venir bloquer les établissements et empêcher que l'établissement puisse ouvrir."

Manifester avant "les vacances de Paris"

Du côté de l'intersyndicale, l'objectif est d'accélérer le rythme des manifestations. Après avoir réussi à mobiliser à nouveau massivement ce mardi - 1,2 million de manifestants selon les autorités, 2,8 millions selon la CGT - elle ne veut pas faire relâche pendant onze jours cette fois-ci. La prochaine journée d'action aura lieu dès mardi 7 février, dans six jours seulement, avant d'enchaîner la suivante le samedi 11.

Ce calendrier a été acté dans la plus parfaite unité, affirment les huit syndicats, dont les stratégies divergent pourtant sur les modalités d'action. Tous réfutent d'ailleurs le terme de compromis, comme l'explique Dominique Corona, de l'Unsa : "Mais pas du tout, même si on n'est pas tous d'accord sur les modes d'action. Les dates, elles, étaient évidentes. Lundi, vous avez l'Assemblée nationale en plénière qui commence donc vous êtes le mardi dans la rue. Et pourquoi ce samedi-là ? Parce que vous avez les vacances de Paris qui vont arriver la semaine d'après."

"Vous voyez que le calendrier, il se dicte à nous, ça ne pose aucune difficulté entre nous."

Dominique Corona, secrétaire général adjoint de l'UNSA

à franceinfo

La journée du mardi 7 février viendra appuyer les grèves déjà annoncées par la CGT dans la chimie, l'énergie, à la SNCF ou les ports et docks. Mais elle vise aussi à mettre la pression sur l'Assemblée nationale, où les débats dans l'hémicycle auront tout juste débuté, indique Gérard Martinez, de la CFE-CGC : "On commence à avoir de nombreux députés qui commencent à douter parce que dans beaucoup de circonscriptions, il y a des manifestations et des députés, y compris ceux qui sont prêts à voter la réforme, se posent de grosses questions. Ils ne se contentent plus des éléments de langage que leur sert le gouvernement et s'intéressent à la réalité des choses et à comment se passerait leur réélection s'ils devaient se représenter dans leur circonscription".

"D'un point de vue financier, c'est impossible"

Mais pour les salariés opposés à la réforme, la question du coût de la grève commence déjà à se poser, à l'image de Sarah, enseignante : "Continuer les mouvements de grève, ce n'est pas possible. D'un point de vue financier, c'est impossible. Donc il faudra qu'on trouve d'autres mobilisations, mais on ne lâchera pas." Une réalité économique dont les syndicats ont conscience. La manifestation du samedi 11 février s'adresse notamment aux travailleurs et aux travailleuses les plus en difficulté ou les plus éloignés des luttes syndicales.

Il faut élargir le mouvement, explique Catherine Perret, de la CGT : "On est conscient qu'il y a plein de salariés dans ce pays, qui travaillent dans des petites entreprises, qui sont isolés, où il n'y a pas de syndicats, où les fins de mois sont souvent difficiles, où il y a beaucoup de femmes, y compris qui élèvent leurs enfants seuls et que pour ces salariés là, eh bien, il y a besoin de mettre à disposition aussi le samedi. Elles peuvent ou ils peuvent venir manifester sans perdre une journée de travail."

Pour aider les grévistes à continuer le combat, certains syndicats disposent de caisse de grève centrales ou mettent en place des cagnottes ponctuelles pour permettre aux salariés de tenir dans la durée.

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