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Réforme des retraites : ordre du jour, créneaux… crispations autour de la réunion annoncée entre la Première ministre et les syndicats

L'intersyndicale est invitée en début de semaine prochaine à Matignon par Elisabeth Borne. Mais l'incompréhension sur le sujet de la discussion entre la Première ministre et les syndicats a ajouté des difficultés à un climat déjà tendu.
Article rédigé par franceinfo - Hadrien Bect
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, dans la cour de l'hôtel Matignon, le 3 janvier 2023. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

Y aller ou pas ? Discuter, mais de quoi ? Les syndicats s'interrogent encore après l'invitation d'Elisabeth Borne. La Première ministre entend recevoir l'intersyndicale en début de semaine à Matignon, ce sera lundi 3, mardi 4 ou mercredi 5 avril. Une reprise du dialogue après des semaines où le fil était rompu alors qu'une nouvelle journée de mobilisation sera organisée le jeudi 6 avril.

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Le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, assure qu'il s'y rendra mais c'est bien le contenu des discussions qui interroge pour l'instant. On sent poindre le risque d'un grand malentendu car dans le mail reçu par les représentants des syndicats et que nous avons pu consulter, il s'agit juste d'une invitation avec la proposition de trois créneaux, mais aucun ordre du jour.

"Il faut trouver une porte de sortie"

Ajoutez à cela que, dès mercredi matin, dans des interviews, François Bayrou ou encore Franck Riester, le ministre chargé des Relations avec le Parlement, ont laissé entendre que le sujet de la réforme des retraites ne serait pas au programme de la rencontre entre la Première ministre et les syndicats. "Vous imaginez bien que les représentants des organisations syndicales de ce pays ne vont pas aller discuter d'autre chose ! Il faut suspendre les 64 ans, se remettre autour de la table sur l'emploi et sur le travail et laisser une chance à un compromis social", déclare sur franceinfo Laurent Berger.

Le secrétaire général de la CFDT assure qu'il ira à cette réunion "en expliquant pourquoi cette réforme est une impasse, et pourquoi il faut trouver une porte de sortie qui ne soit pas un pourrissement". Début d'incompréhension, que déplore un pilier de la majorité avec "tous les porte-flingues qui viennent fixer des lignes rouges dès maintenant, c'est stupide", explique-t-il. D'où la clarification effectuée mercredi matin par l'entourage d'Elisabeth Borne auprès de franceinfo : aucun ordre du jour n'est fixé. "Les syndicats pourront aborder l'ensemble des sujets qu'ils souhaitent", précise-t-on. Cela paraît couler de source, mais c'est sans doute mieux de le préciser pour ne rajouter pas rajouter de la crispation à la crispation.

Montrer que le dialogue commence à être renoué

Mais cette petite ouverture de part et d'autre peut être trompeuse, à ce stade, les positions sont toujours les mêmes, et sont toujours bloquées. Mais l'exécutif entend bien avancer sur les décrets d'application de la réforme, en fait des petits textes réglementaires, très techniques qui permettent de mettre une loi en musique. 

Sauf qu'avancer sur le sujet, ce serait pour les syndicats une façon d'accepter la réforme. De même que parler du travail, comme le répète l'exécutif serait montrer qu'ils passent à autre chose. C'est sans doute ce qui compte. Elisabeth Borne aura son image des syndicats sur le perron de Matignon en montrant que le dialogue commence à être renoué. Ce ne serait "pas du luxe alors qu'on humilie Laurent Berger à chaque fois qu'il ouvre la bouche", tacle un conseiller de l'exécutif, d'autant que le contact est rompu depuis le mois de janvier. 

Il s'agit aussi d'envoyer enfin un signal à la majorité dont certains s'agacent de l'inflexibilité affichée du gouvernement, quand d'autres, comme le MoDem, ont carrément proposé de souscrire à la médiation proposée par Laurent Berger. Une image que la Première ministre devra s'évertuer à ne pas gâcher avec par exemple l'image d'un échange qui tourne court.

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