Retraites : Emmanuel Macron veut relancer sa réforme, quitte à passer en force au Parlement
Lors d'une réunion à huis clos à laquelle franceinfo a assisté ce lundi, le chef de l'Etat a redit son souhait de voir la réforme entrer en vigueur dès l'été 2023. Il veut aller vite, si possible grâce au compromis, mais le 49.3 n'est pas un tabou.
Même Laurent Berger, le très réformiste patron de la CFDT, l’alerte sur le risque de mettre de l’huile sur le feu dans un climat déjà tendu. Mais Emmanuel Macron n’a aucun doute, ni sur la nécessité de la réforme des retraites, ni sur la nécessité de la faire maintenant. Le chef de l'Etat en veut pour preuve le rapport annuel du Conseil d'orientation des retraites. Selon le COR, le solde excédentaire dont bénéficie jusqu'ici notre système ne va pas durer et sera même déficitaire sur les 25 prochaines années.
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Comme il l'a expliqué lundi 12 septembre lors d'une réunion à huis clos avec la presse à laquelle franceinfo a participé, Emmanuel Macron veut que sa réforme entre en vigueur dès l'été 2023, comme prévu. Indispensable selon lui, pour commencer à rembourser la dette du système de retraite à partir de 2026 et pour se dégager une marge de manœuvre financière.
Son raisonnement : vu le niveau de déficit public, si on ne règle pas le problème des retraites, on ne peut pas investir sur le reste : la transition écologique, l’école et la santé. Face au principe de réalité, il appelle les partenaires sociaux à la responsabilité.
Le 49.3 est un instrument, pas un tabou
Le président veut aboutir coûte que coûte. Il risque pourtant de braquer les partenaires sociaux, et ce d’autant plus que devant un public restreint, Emmanuel Macron n’écarte pas formellement l’hypothèse d’une mesure d’âge dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) qui doit être débattu dès cet automne. C’est pourtant la ligne rouge pour les syndicats.
Report de l’âge légal, allongement de la durée de cotisation, le président laisse au gouvernement le soin de trouver le chemin. Lui ne semble pas avoir de religion autre que sa volonté d’aboutir. Quitte à passer en force. Si on pense qu’il faut l’unanimité pour bouger sur quelque chose, on ne fait jamais rien : c'est en résumé l'état d'esprit du président. Il tance par avance ceux qui se mettront en travers de son chemin, dans la rue ou au Parlement. Réclamer plus de dépense publique tout en l’empêchant de créer plus de richesse, un procédé malhonnête selon Emmanuel Macron. Et tout en continuant de plaider la recherche de compromis, il rappelle que dans un contexte de majorité relative, le 49.3, qui permet de faire adopter un texte sans vote, au risque d’être censuré, est un instrument, pas un tabou.
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