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"Si Macron abandonne la réforme des retraites, on reprendra le boulot" : malgré les réquisitions, les éboueurs déterminés à poursuivre leurs actions

La situation du ramassage des déchets à Paris est encore confuse au treizième jour de la grève des éboueurs contre la réforme des retraites, alors que le ministre de l'Intérieur a assuré que les réquisitions "fonctionnaient".
Article rédigé par franceinfo - Léo Tescher
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Les poubelles s'entassent dans les rues de Paris, le 18 mars 2023. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Dix mille tonnes de poubelles s’entassent dans les rues de Paris mais pour la première fois après treize jours de grève des éboueurs contre la réforme des retraites, la mairie dit constater une "stabilisation" des tas de déchets. Il faut dire que les réquisitions exigées par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et menées par la préfecture de police ont commencé vendredi soir.

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Pourtant, sur les 4 000 noms d'éboueurs transmis par la mairie de Paris à la préfecture de Paris, seulement une cinquantaine ont été réquisitionnés, selon la CGT. On est donc loin des cadences habituelles de ramassage des ordures.

"On nous a cassé la grève !"

Au centre de traitement des déchets d'Ivry-sur-Seine, au sud de Paris, ils sont à peine neuf conducteurs de camions-bennes à avoir été réquisitionnés, samedi 18 mars. "Ce n'est pas marrant, indique cet éboueur. Cela ne donne pas trop envie, mais que voulez-vous ? On nous a cassé la grève ! Cela ne nous empêchera pas de refaire la grève, au contraire, cela nous motive." "Il y avait beaucoup d'ordures ménagères, poursuit-il et au bout de deux rues, on était calés. Donc on n'a pas pu terminer la collecte." Une benne correspond à deux tonnes, sur les 10 000 à collecter dans Paris. Aussi faudra-t-il du temps. "Il faudra plus d'une semaine pour tout remettre en place", avance l'éboueur.

Les poubelles collectées ne peuvent toujours pas être ramenées dans les trois incinérateurs proches de Paris, encore bloqués par les grévistes. Les camions doivent aller plus loin dans des sites de stockage. Ils perdent du temps et ramassent donc moins d'ordures : soixante dix tonnes samedi matin, dans ce garage. "La production de déchets tous les jours en moyenne sur le 14ᵉ, c'est 90 tonnes, explique Régis Vieceli, le secrétaire général de la filière déchets de la CGT. Ca va ralentir l'accumulation de déchets dans les rues mais je rappelle quand même qu'on n'est pas là pour accumuler les déchets dans la rue : on est là pour faire tomber la loi sur les retraites !"

"Notre boulot, c'est de rendre Paris propre. Si Macron abandonne, on reprendra le boulot et ça peut être réglé très rapidement."

Régis Vieceli (CGT)

à franceinfo

Mais ce n'est pas vraiment pour tout de suite : "L'action des travailleurs dans ce pays, et pas simplement celle des éboueurs et des conducteurs parisiens, a fait mettre un genou à terre à Macron, poursuit-il. Alors nous, ça nous a remotivés, le 49.3. Et on a vu ce qui s'est passé à la Concorde et en province : il y a eu de grandes et belles manifestations tout de suite après, alors..."

Pour l'instant, la grève des éboueurs parisiens est reconductible jusqu'à lundi, jour du vote des motions de censure à l'Assemblée nationale. Le soir même, ils se réuniront en assemblée générale pour décider de la suite. Avec quoi qu'il arrive, la nouvelle grande journée de manifestation de jeudi déjà en ligne de mire.

Malgré les réquisitions, les éboueurs déterminés à poursuivre leurs actions : écoutez le reportage de Léo Tescher

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