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Témoignages Réforme des retraites : "Ce métier, il te ruine la santé", dénoncent les dockers en grève du port de Sète

Un mouvement de grève est prévu jeudi dans les ports et docks à l'appel de la CGT contre la réforme des retraites. Au port de Sète, dans l’Hérault, si certains dockers hésitent encore à suivre la mobilisation, tous déplorent leurs conditions de travail et ne se voient pas travailler plus longtemps.
Article rédigé par franceinfo - William de Lesseux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
La CGT des Ports et Docks a appelé à un mouvement de grève ce jeudi 26 janvier pour 24 heures, débrayage qui va concerner le port de commerce de Sète (Hérault). (WILLIAM DE LESSEUX / RADIO FRANCE)

La mobilisation contre le projet de réforme des retraites continue notamment dans les transports, mais aussi les raffineries et dans les ports. La CGT des ports et docks a appelé à un mouvement de grève, jeudi 26 janvier, pour 24 heures. Un débrayage qui va concerner le port de commerce de Sète (Hérault). Florian, sept ans de métier, hésite encore entre travailler, charger et décharger sur les quais, ou tenir le piquet de grève jeudi. Les dizaines de grues dans le ciel du port de commerce risquent bien de rester immobiles avec l'appel des syndicats au débrayage. "Si l'ensemble des dockers font la grève, je la ferai aussi, explique-t-il. Dans l'ensemble, je suis favorable au fait de partir plus tôt à la retraite."

"Ce métier, il te ruine la santé. Il y a de tout, des particules fines, les gaz d'échappement des engins. De plus on est souvent secoués dans les engins. On prend des chocs, il y a des accidents, ça reste un métier dangereux."

Florian, docker

à franceinfo

Depuis ses débuts en tant que docker, Florian s'est déjà fait poser 14 points de suture, après s’être ouvert la tête. "Rien de grave, précise Florian. En revanche, j'ai vu des morts. Quelqu'un qui s'est fait écraser..."

"Il faut se battre"

Les dockers bénéficient d’un aménagement pour partir à la retraite jusqu’à quatre ans plus tôt que les autres salariés avec la pénibilité de leur métier. Avec la réforme prévue par le gouvernement, chaque ouvrier partirait à la retraite à 60 ans au lieu de 58 ans actuellement. Gilet orange, bonnet bleu marine, un docker rencontré qui ne souhaite pas donner son nom va travailler jeudi matin, "mais vraiment à contrecœur, précise-t-il. Je vais essayer de ne rien faire ou vraiment le minima. Avec l'inflation, j'ai besoin d'argent. J'ai cinq enfants et perdre 100 à 120 euros dans la journée, ce n’est pas donné ! Je suis contre cette réforme. Je suis contre cette loi qui va nous être imposée de force."

"C'est un métier pénible. Il faut venir voir pour le croire. On a eu des intérimaires qui sont venus trois jours. Ils ont arrêté tellement ce métier est dur."

Un docker

à franceinfo

Au café du Port, Thierry Ausan retrouve d'anciens camarades. À 65 ans, il est retraité depuis dix ans après son exposition à l'amiante. Difficile de faire ce métier jusqu'à 60 ans. "C'est l'âge qui fait la différence, souligne l’ex-docker. Il faut se battre. Tous les dockers se sont battus et sont arrivés à avoir un statut comme ça, à bien gagner leur vie parce que c'est un métier dangereux, il faut continuer à se battre." Après cette journée de grève, la CGT des ports et docks appelle tous les salariés à refuser les heures supplémentaires ou les horaires exceptionnels, et ce, jusqu'au retrait du projet de réforme du gouvernement.

Les dockers du port de Sète dénoncent le recul de l'âge légal de départ à la retraite - le reportage de William de Lesseux

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