Stéphane Le Foll tente de calmer la colère des éleveurs de porcs bretons
Les temps sont durs pour les éleveurs de porcs. La rentabilité des exploitations est en chute libre depuis des mois, impactée par une baisse des prix dans les grandes surfaces et par la concurrence allemande et espagnole. Depuis quelques semaines, les actions coup de poings se multiplient notamment en Bretagne.
Des producteurs endettés, une filière au bord de la crise de nerfs
"On perd aujourd’hui 20 euros par bête vendue", explique Hervé Denis, éleveur porcin à Berrien (Morbihan)." La grande distribution casse les prix et nous sommes tous étranglés ."* Selon les responsables de la filière, la situation se dégrade depuis plusieurs années et est aujourd’hui au plus bas. Les supermarchés achètent actuellement le porc 1,27 euros le kilo pour offrir des réductions imbattables à leurs clients. Les éleveurs estiment qu’ils ont besoin de 15 centimes de plus pour rentrer dans leur frais. "A la fin du mois, on a oublié les salaires ", souligne Hervé Denis. "Maintenant, on ne gagne plus rien et on paie pour travailler* ."
Un arrêté pour limiter les promotions en supermarchés
Les éleveurs sont bien décidés à faire entendre leur colère. Lundi 1 juin déjà, Stéphane le Foll a été chahuté par des producteurs lors d’une visite dans le Finistère. "Maintenant, il doit tout simplement faire pression sur la grande distribution", estime Frédéric Daniel, le président des Jeunes Agriculteurs du Morbihan. Ce vendredi après-midi, une nouvelle rencontre est prévue au congrès annuel de Fédération nationale porcine dans le Morbihan et le ministre de l’Agriculture devra répondre directement aux inquiétudes.
Mais Stéphane Le Foll a pris les devants et un arrêté ministériel a été publié au Journal Officiel. Il limite les promotions sur la viande de porc fraîche à deux mois par an, en janvier et septembre. D’ailleurs Intermarché et Leclerc ont déjà promis d’augmenter le prix du kilo de cinq centimes par semaine, jusqu’à arriver à 1,40 euros.
Des actions coup de poing et cinq gardes à vue
Dans la nuit de jeudi à vendredi, les agriculteurs ont fait entendre leur colère dans le Finistère, le Morbihan et les Côtes d'Armor. Ils ont bloqué plusieurs supermarchés en répandant du fumier et incendié des chariots. Par ailleurs, selon France Bleu Breizh Izel, cinq agriculteurs ont été placés en garde à vue ce vendredi matin, soupçonnés d'avoir tenter de détruire le camion d'un fournisseur espagnol à Lampaul-Guimiliau. La préfecture du Morbihan annonce qu'un dispositif de sécurité renforcé est prévu autour de la visite du ministre.
VIDEO | Action nocturne des agriculteurs : à #Quimper le Centre commercial Kerdrezec nettoie les dégats pic.twitter.com/9EompaV9Pf
— Bleu Breizh Izel (@Francebleubzh) June 12, 2015
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