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Des forces de l'ordre en renfort en Essonne : "De la poudre aux yeux", pour un syndicaliste d'Alliance Police Nationale

Grégory Goupil, secrétaire national adjoint Ile-de-France d'Alliance Police Nationale, réclame des moyens humains "de manière pérenne" pour faire face aux rixes entre bandes de jeunes. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Gérald Darmanin a annoncé des renforts de police en Essonne après deux rixes successives entre bandes de jeunes qui ont fait deux morts.  (IROZ GAIZKA / AFP)

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé l'envoi dès mardi 23 février au soir de renforts en forces de l'ordre dans les deux villes de l'Essonne où deux adolescents sont morts après des rixes entre bandes de jeunes. Selon le ministère, 60 gendarmes devaient être envoyés à Saint-Chéron et 30 policiers à Boussy-Saint-Antoine.

"C'est de la poudre aux yeux", a réagi sur franceinfo Grégory Goupil, secrétaire national adjoint Ile-de-France du syndicat Alliance Police Nationale. Il réclame des moyens humains "de manière pérenne".

Pour Grégory Goupil, ces effectifs "vont être en renfort, des CRS, des compagnies de gendarmes qui vont être envoyées sur le secteur pendant une semaine". "Et après ?", s'interroge le policier. "Dans une semaine, c'est terminé parce qu'on a envoyé 100 gendarmes aux policiers sur ce secteur-là ?"

Le syndicat Alliance "demande 200 renforts d'effectifs depuis des années". Grégory Goupil souligne que "sur le secteur de Boussy-Saint-Antoine", il y a "un fonctionnaire de police pour 825 habitants" quand sur le secteur "d'Evry et Corbeil, on a un policier pour 453 habitants. Vous voulez qu'on fasse quoi ? La réalité est là". Face à ces chiffres, le syndicaliste réclame pour la police "des moyens humains" pour être "en patrouille sur le secteur" pour faire "un maximum de prévention. Parce qu'aujourd'hui, quand on arrive, c'est trop tard".

Besoin de plus de monde sur le terrain

Le préfet de l'Essonne a indiqué vouloir mettre en place des "boucles de réaction rapides" pour intervenir "avant que les choses ne dégénèrent" en travaillant sur une "géographie de la carte scolaire et des lignes de transports". Grégory Goupil adhère à cette idée, mais "pour ça, il faut des moyens humains, encore une fois". "Pour faire de la prévention, il faut des hommes sur le terrain. Aujourd'hui on n'est pas en capacité de pouvoir l'assumer."

Mais pour Grégory Goupil, la police est "le dernier rempart" contre ces rixes entre bandes. "On arrive, on ne peut plus faire de la prévention. On est dans l'action. Il y a une bagarre, on intervient." Prenant pour exemple une rixe survenue la semaine précédente entre bandes de Ris-Orangis et Grigny, où un jeune homme de 14 ans a été interpellé avec un couteau, le syndicaliste affirme que le mineur a eu "un rappel à la loi" et ajoute que "les parents ne sont pas pénalement responsables".

"On ne peut pas mettre la faute sur l'Éducation nationale et sur la police nationale, sur les acteurs sociaux dans les quartiers", ajoute Grégory Goupil. "A un moment donné, il faut aussi que les parents soient également en responsabilités. Il faut savoir ce que font nos enfants dans la rue à 14 ans. Comment ces enfants se retrouvent avec des couteaux ? La déscolarisation, ce n'est pas possible." Il admet qu'il y a "des choses à mettre en place. Oui, il y a tout un travail de prévention. Mais encore une fois, la police est un acteur dans la prévention".

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