Mobilisation contre la réforme des retraites : plus de 400 militants CGT sont visés par des poursuites judiciaires après des actions
Plus de 400 militants CGT sont actuellement visés par des poursuites judiciaires pour des actions menées contre la réforme des retraites, a appris mercredi 6 septembre France Inter auprès du syndicat. Ils sont plus de 1 000 si l'on tient en compte des menaces de licenciement et des procédures en cours dans les entreprises.
Mercredi matin, le secrétaire général de la Fédération Mines-Énergie de la CGT Sébastien Ménesplier est entendu par la gendarmerie à Montmorency (Val-d'Oise) dans le cadre d'une enquête sur des coupures d'électricité. Un rassemblement de soutien est organisé devant la gendarmerie de Montmorency. Quelques centaines de personnes ont répondu présentes, constate la journaliste de franceinfo sur place. Sont notamment présents Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, ainsi que plusieurs représentants de partis politiques, notamment Ian Brossat du PCF et Aurélie Trouvé de LFI.
Selon les informations de France Bleu Drôme Ardèche, Sébastien Ménesplier est entendu dans le cadre d'une enquête ouverte après une coupure de courant à Annonay (Ardèche), d'où est originaire le ministre du Travail Olivier Dussopt, ainsi que dans le secteur de Saint-Vallier (Drôme) en mars. Plus de 5 000 foyers avaient alors été privés de courant dans ces secteurs. Sébastien Ménesplier assure à franceinfo être convoqué pour "mise en danger de la vie d'autrui par personne morale, pour violation manifestement délibérée d'une obligation règlementaire de sécurité ou de prudence". Il affirme par ailleurs qu'il ne se trouvait pas en Ardèche lors de l'action. "Le 7 mars, j'étais sur un piquet de grève dans la Meuse, et le 8 mars à Montoir-de-Bretagne" (Loire-Atlantique), soutient-il à France Inter. Selon lui, on lui reproche d'avoir revendiqué l'action au nom de sa fédération, très mobilisée contre la réforme des retraites.
Ce responsable syndical voit dans cette convocation devant la justice un choix politique. Sébastien Ménesplier considère que "ça fait partie d'une répression très bien organisée par le pouvoir néo-libéral en place". "Il y a dans l'audition que je vais subir une recherche de trouver tous les moyens pour calmer les ardeurs des électriciens-gaziers mobilisés fortement lors de la lutte contre la réforme des retraites", estime-t-il. Il ajoute que "d'autres camarades sont convoqués devant les tribunaux, comme le 15 septembre à Marseille, le 21 novembre à Bordeaux".
Conseil de discipline, mutations forcées... Une "répression syndicale" dénoncée
D'autres membres de l'intersyndicale disent aussi constater une "répression". La FSU note par exemple une hausse des signalements dans la fonction publique. "On sait bien qu'un fonctionnaire ne peut pas dénigrer son service, mais en revanche un militant syndical doit pouvoir dénoncer des situations, des difficultés, c'est même son travail de faire remonter ce qui ne va pas", indique le secrétaire général de la FSU Benoît Teste. Selon ce syndicaliste, ces pressions n'incitent pas les militants à prendre des responsabilités. Simon Duteil, co-délégué de Solidaires, évoque également une "répression syndicale" qu'il dit avoir observé "à La Poste avec des conseils de disciplines, dans l'Éducation nationale avec des mutations forcées". Il accuse ainsi le gouvernement de vouloir "criminaliser l'action syndicale".
De son côté, Enedis indique à franceinfo avoir déposé près de 300 plaintes contre X lors de la mobilisation syndicale contre la réforme des retraites. Le gestionnaire du réseau électrique explique "déposer plainte systématiquement en cas d'acte illégal visant les infrastructures et les équipements" qu'il exploite. Enedis "respecte bien évidemment le droit de grève, mais condamne fermement tout acte illégal sur le réseau public de distribution d'électricité, qui ne reflète en aucun cas ses valeurs de service public", souligne l'entreprise.
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