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Vidéo Remaniement : Elisabeth Borne est "quelqu'un d'assez direct" qui ne "cède jamais aucun pouce de terrain", selon François Hommeril

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Article rédigé par franceinfo
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Le président de la CFE-CGC a présenté mardi sur franceinfo la nouvelle Première ministre comme une personne "dure en affaires" mais "qui connaît bien ses dossiers".

Elisabeth Borne est "quelqu'un d'assez franc, assez direct, qui connaît bien ses dossiers, mais qui ne cède jamais aucun pouce de terrain sur les sujets que nous avons eu en débats", a estimé François Hommeril, président de la CFE-CGC, sur franceinfo mardi 17 mai. Il s'exprimait au lendemain de la nomination de l'ancienne ministre du Travail comme Première ministre.

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Ce que François Hommeril retient "peut-être avec un peu d'amertume", c'est la réforme de l'assurance chômage. "Elle n'avait finalement aucune marge de manœuvre et je m'interroge pour savoir si c'était elle ou si c'était le gouvernement et le président de la République qui ne lui en laissait aucune."

franceinfo : Quel souvenir avez-vous d'Elisabeth Borne ?

François Hommeril : Le souvenir de quelqu'un d'assez franc, d'assez direct, qui connaît bien ses dossiers, mais qui ne cède jamais aucun pouce de terrain sur les sujets que nous avons eu en débats. Elle est dure en affaires, mais nous ne sommes pas commodes non plus. Ce que je retiens peut-être avec un peu d'amertume, c'est que, finalement, sur les sujets sur lesquels on s'est beaucoup opposés, notamment la réforme de l'assurance chômage, elle n'avait aucune marge de manœuvre. Je m'interroge pour savoir si c'était elle ou si c'était le gouvernement et le président de la République qui ne lui en laissait aucune. On était clairement en désaccord sur la réforme de l'assurance chômage parce qu'elle a toujours présenté très officiellement l'esprit de sa loi comme reposant sur le principe qu'il fallait contraindre les chômeurs à reprendre un emploi. Comme si des gens qui sont privés d'emploi l'étaient par plaisir. C'est sur ce principe-là qu'on s'est beaucoup opposés.

La réforme des retraites sera votre combat de l'année ?

Aujourd'hui, telle qu'elle s'est posée, on va la combattre ! C'est devenu un objet politique en soi. J'entends : "Il faut faire la réforme, la mère des réformes." Ça n'a aucun sens ! Le système des retraites aujourd'hui n'est pas en danger. Le rapport du Conseil d'orientation des retraites le dit très clairement : à terme, à moyen terme et à long terme, le système est parfaitement sécurisé. On vient donc en fait vers nous avec une réforme qui n'est pas du tout d'équilibre. C'est une réforme pour aller prendre de la ressource dans les retraites et financer d'autres dispositifs. Là-dessus, on ne va pas être d'accord parce que l’on considère à la CFE- CGC que s'il y a besoin de mobiliser des ressources nouvelles pour des dépenses nouvelles, il faut s'adresser à l'ensemble des parties qui constituent les ressources économiques et pas seulement taper sur les retraités.

Le fait qu'une femme soit nommée à Matignon change-t-il quelque chose pour les syndicats ?

On pense qu'être une femme dans la société aujourd'hui est un handicap, en politique et dans l'entreprise. Tout le prouve aujourd'hui en termes d'évolution de carrière. Mais être une femme n'est pas une vertu particulière. On travaillera donc avec elle comme avec n'importe qui, en espérant qu'elle nous respectera et qu'elle ouvrira des espaces de dialogue et de co-construction.

Un peu moins de testostérone autour de la table change-t-il les négociations ?

Oui, on pense que ça change. Tout est une question d'équilibre. On a quand même fait de gros efforts dans notre organisation syndicale pour intégrer au plus haut niveau des femmes dans les instances dirigeantes. Et c'est vrai, je peux en témoigner, cela change les choses. Il faut partout pouvoir respecter cet équilibre, ce que beaucoup d'entreprises aujourd'hui ne font pas. Le plafond de verre existe partout. Aujourd'hui, faire une carrière pour une femme dans l'entreprise, c'est beaucoup plus difficile que pour un homme. Cela dépend des entreprises et des secteurs économiques mais la machine à réprimer les carrières des femmes est encore bien à l'œuvre.

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