Reportage "Des conditions réunies pour avoir de nouveaux arbres" : dans la calanque de Sugiton, les quotas contre le surtourisme commencent à faire effet

Depuis trois ans, des quotas de réservation sont mis en place pour la calanque de Sugiton, près de Marseille. Le site a beaucoup souffert de la surfréquentation, et des stigmates sont encore visibles.
Article rédigé par Guillaume Farriol
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les restrictions de visites à la calanque de Sugiton, dans les Bouches-du-Rhône, commencent à faire effet. (GUILLAUME FARRIOL / RADIO FRANCE)

En ce mois d’août, la nature est parfois mise à rude épreuve par le tourisme, ou plutôt le surtourisme, quand il y a trop de monde au même endroit. Un exemple emblématique en France : la calanque de Sugiton, près de Marseille. À cause de la surfréquentation, le nombre de visiteurs est limité à 400 par jour l'été, depuis trois ans. Un système désormais bien rodé. Il est impossible de rentrer sans QR code. "C'est une contrainte de devoir penser à réserver, mais ça permet de continuer à profiter des beautés de la nature", observe Cécile, venue visiter.

Les touristes et les locaux sont compréhensifs. Il faut dire que la calanque souffre et cela se voit. Les racines des pins d'Alep sont à l'air libre. "Ils vont avoir plus de difficultés pour avoir accès à de l'eau, et ça va les exposer éventuellement à des pathogènes", explique Antonin Druon, l'un des écogardes de Sugiton. C'est un des effets de l'érosion provoquée par les visiteurs, qui étaient jusqu'à 2 500 chaque jour avant l'instauration des quotas. "C'est vraiment le piétinement qui a fait que toute la végétation a disparu. On a perdu à peu près 80 centimètres de sol en dix ans ici, c'est énorme."

Les arbres commencent à repousser

De vieux arbres fragilisés et très peu de jeunes pins. Mais depuis 2022, les réservations obligatoires permettent à la végétation de revivre, se réjouit Antonin Druon, en montrant un petit pin de deux ans. "Cela veut dire qu'on a des conditions qui sont réunies pour qu'ils puissent pousser, pour qu'enfin, on puisse avoir de nouveaux arbres dans cette calanque. C'est un franc succès."

Mais il faudra des années avant de voir repousser les pins, pistachiers, chèvrefeuilles ou la saladelle naine, qui ne vit que sur la côte provençale.

Les racines des pins d'Alep sont à l'air libre à cause de l'érosion due à la surfréquentation, dans la calanque de Sugiton. (GUILLAUME FARRIOL / RADIO FRANCE)

Des restrictions aussi sur le bruit 

Quant à la faune, c'est pareil. "Devant nous, on a deux goélands leucophée, qui est une espèce protégée, et derrière, sur un autre rocher, il y avait deux cormorans", décrit Clémentine Tacchino, une autre écogarde. 

Eux aussi ont souffert du surtourisme, et notamment du bruit. "La surfréquentation et parfois même la pollution sonore, ça peut les déranger. Tout autour de nous, on voit quand même une forte présence de falaises, de rochers. Cela va vraiment accentuer le bruit, et ça peut avoir un impact sur la faune qui peut se nicher dans ces mêmes falaises. Ils risquent de partir ailleurs."

D'où l'interdiction des enceintes dans la calanque. Obligation également de rester sur le chemin balisé pour limiter l'impact des visiteurs. Des règles très souvent bien respectées, sauf dans quelques rares cas, expliquent les écogardes de Sugiton.

Biodiversité dans la calanque de Sugiton : reportage de Guillaume Farriol

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