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Reportage Tourisme de masse : à Étretat, des associations plaident pour une limitation des visiteurs

Le village normand de 1 200 habitants accueille jusqu'à 15 000 personnes par jour depuis le succès de la série "Lupin" sur Netflix.
Article rédigé par Valentin Dunate
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La digue d'Étretat, en avril 2023. (VALENTIN DUNATE / RADIO FRANCE)

"À voir les enseignes des magasins dans la ville, ça ne peut être que ça !" Pour Monique, une touriste qui a fait la route depuis Grenoble, le succès d'Étretat (Seine-Maritime) s'explique par celui de la série Netflix dans laquelle Omar Sy interprète un personnage inspiré d'Arsène Lupin. "Mais c'est surtout quand même ce magnifique paysage, cette falaise incomparable, c'est un site exceptionnel", tient à ajouter Monique. Célèbre pour ses falaises et désormais rongé par le surtourisme, le village normand de 1 200 habitants a accueilli un million et demi de visiteurs en 2022, avec jusqu'à 15 000 personnes chaque jour.

>> La saison 3 de "Lupin" avec Omar Sy sera disponible sur Netflix le 5 octobre

Ce site exceptionnel est également devenu un "spot Instagram" : on y vient pour prendre un selfie et le poster sur le réseau social. L'an dernier, trois touristes sont décédés en chutant de la falaise. Parmi les autres conséquences du surtourisme à Étretat, il est très difficile de se garer, d'aller au toilettes et se restaurer, ce qui crée des incivilités. Certains volent même des galets pour les ramener chez eux ou pour les revendre.

Difficile de filtrer les quatre points d'accès

Pour limiter cet impact néfaste, un parking a été supprimé sur la falaise amont et sur la falaise aval, celle que tout le monde prend en photo au-dessus du "Trou à l'homme", une grotte creusée sous la célèbre falaise. Une clôture en métal reliée par des fils de fer vient donc d'être installée. "Je trouve que c'est bien puisqu'elle peut être déplacée. Ces clôtures ont l'avantage d'être assez fines, légères et on peut les déplacer si jamais il y a des mouvements de terrain", analyse Shaï Mallet-Bitton, co-présidente de l'association "Étretat demain". Il y a un phénomène d'érosion naturelle, mais l'érosion est précipitée par les flux humains, donc c'est un dommage qui est direct et immédiat."

"Est-ce que les éléments essentiels de notre patrimoine à Étretat disparaîtront parce qu'ils n'ont pas été protégés ? Ce serait vraiment dommage."

Shaï Mallet-Bitton, co-présidente de l'association "Étretat demain"

à franceinfo

L'association "Étretat demain" milite pour instaurer une jauge, comme c'est déjà le cas dans les calanques de Marseille, sauf que pour l'instant la mairie du village normand n'a pas dit oui, et Étretat doit être labellisé "Grand site de France". Pour cela, un syndicat mixte a été créé en début d'année. "Les calanques, c'est facile de mettre une jauge. On a un point d'accès. Donc on se met au point d'accès et on empêche d'entrer. Étretat, c'est pas le cas, indique Florence Thibault-Doréneau, la présidente du syndicat mixte. Il y a quatre points d'accès, il y a les falaises. On peut arriver aussi bien par le haut des falaises, par plusieurs endroits. Donc, à un moment donné, si c'est pour dire 'on fait une chose, mais on n'est pas capable de la faire respecter', je ne suis pas sûr qu'on sera très gagnant sur le sujet."

Une clôture en métal reliée par des fils de fer vient d'être installée, à Étretat. (VALENTIN DUNATE / RADIO FRANCE)

Une destination où les visiteurs "ne devraient plus aller"

Le projet prévoit néanmoins d'aménager un parking à l'extérieur du centre-ville et d'empêcher les touristes de stationner le long de la départementale. Cette année, Étretat a intégré une liste, établie par un éditeur de guides touristiques américains, des endroits dans le monde où les visiteurs ne devraient plus aller, la "Fodor's No List".

À Étretat, des associations plaident pour une jauge de visiteurs face aux risques du tourisme de masse - Reportage de Valentin Dunate

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