Nationalisation des chantiers STX : "Du côté de Rome, il y a une incompréhension", selon l'historien Marc Lazar
Marc Lazar, historien spécialiste de l'Italie, a alerté sur la nationalisation provisoire des chantiers STX, qui selon lui, "fait apparaître l'Italie comme marginalisée."
Bruno Le Maire a annoncé jeudi 27 juillet "la préemption de l’État" pour les chantiers navals de STX à Saint-Nazaire. Marc Lazar, historien spécialiste de l'Italie, a estimé sur franceinfo qu'il y avait du côté de Rome, "incontestablement une incompréhension, une irritation qui est à la hauteur de l'immense espérance qu'avait provoqué l'élection d’Emmanuel Macron". Cette décision arrive après une série d'événements qui "marginalisent l'Italie", a-t-il prévenu.
franceinfo : Peut-on s'attendre à des crispations diplomatiques entre la France et l’Italie ?
Marc Lazar : Je crois qu'il y a déjà des crispations. Même si pour l'instant, elles sont exprimées en termes polis. Du côté de Rome, il y a incontestablement une incompréhension, une irritation qui est à la hauteur de l'immense espérance qu'avait provoquée l'élection d’Emmanuel Macron. Le gouvernement en place avait vu dans Emmanuel Macron un grand Européen, un ami de l'Italie. Il découvre aujourd'hui un nouvel Emmanuel Macron, défenseur des intérêts nationaux. Cela renvoie à un grand problème historique que j'appelle le complexe italien par rapport à la France. Car la France est considérée comme défendant très bien ses intérêts aussi en Italie. Beaucoup de sociétés françaises sont présentes sur le sol italien sans que cela provoque les mêmes crispations que lorsque des industries italiennes arrivent en France.
Cette nationalisation est-elle compatible avec le projet européen ?
Je disais le soir du second tour qu'il fallait faire attention. Emmanuel Macron défend à la fois les intérêts européens et français. Cette crispation n'est pas la seule et arrive avec d'autres éléments qui provoquent beaucoup d'insatisfactions. Il y a la politique française à l'égard des migrants, la rencontre avec les dirigeants libyens sans l'Italie alors qu'elle est très impliquée et la politique française à l'égard de l'Allemagne. Tout cela fait apparaître l'Italie comme marginalisée.
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