"Gilets jaunes" : 53% des Français estiment que les médias ont mal couvert le mouvement, selon un sondage
Une étude, publiée samedi, analyse la façon dont les Français jugent le travail des journalistes pendant la crise des "gilets jaunes". Parmi les sondés, certains estiment que la parole a été trop donnée au gouvernement, quand d'autres jugent que les manifestants ont été trop interrogés.
Les journalistes ont été au cœur des critiques lors du mouvement des "gilets jaunes", depuis mi-novembre. Plus d'un Français sur deux jugent en effet que les médias ont mal couvert le mouvement, selon une étude* ViaVoice réalisée pour les 12e Assises internationales du journalisme de Tours, en partenariat avec France Télévisions, France Médias Monde, Le Journal du dimanche et Radio France, publiée samedi 9 mars. Néanmoins, les perceptions de la couverture médiatique de la contestation sont très différentes, selon l'âge ou les catégories socio-professionnelles. Franceinfo résume ce qu'il faut retenir.
Une mauvaise perception de la couverture médiatique pendant les "gilets jaunes"
Une courte majorité des sondés (53%) juge que la plupart des médias ont mal couvert le mouvement des "gilets jaunes", "car ils n'ont montré que certains aspects du mouvement et n'ont pas donné la parole à tous". Parmi ces 53%, près de 60% habitent dans des communes rurales et 57% sont employés ou ouvriers.
A l'inverse, 36% des personnes interrogées estiment que la plupart des médias ont bien couvert cette contestation en montrant les différents aspects du mouvement et en donnant la parole à tous ("gilets jaunes", majorité présidentielle, élus de l'opposition, experts...). Parmi ces sondés, 44% habitent en agglomération parisienne et occupent des postes de cadres et de professions intellectuelles. Enfin, 11% n'ont pas apporté de réponses.
Des avis contrastés sur le travail des journalistes
Si la critique des médias se dégage de ce sondage, les personnes interrogées ont des sentiments très contrastés sur le travail accompli par les journalistes pendant le mouvement et l'équité entre les différents interlocuteurs. Ainsi, 35% des sondés (dont 42% d'employés ou ouvriers) pensent que la parole a été donnée davantage au gouvernement et à la majorité présidentielle. A l'inverse, 18% des sondés (dont 28% de cadres et professions intellectuelles vivant en agglomération parisienne) considèrent que la parole a été plus donnée de manière générale aux "gilets jaunes". Enfin, 34% affirment que la parole a été équilibrée et qu'elle a été donnée autant aux uns qu'aux autres.
Le sondage liste également les critiques les plus récurrentes formulées contre les médias. Une majorité de personnes interrogées (77%) pense ainsi que "les médias privilégient toujours les informations sensationnelles ou la violence". Les deux autres critiques qui reçoivent le plus d'adhésion sont que "les médias ne donnent pas la parole à tous les points de vue de manière équitable" (72% de personnes d'accord avec cette affirmation) et que "les contenus des médias sont influencés par leurs actionnaires qui les financent" (70% de sondés d'accord).
Une courte majorité (46%) est plutôt "pas d'accord" avec l'affirmation selon laquelle "les journalistes ne peuvent pas comprendre les gens du peuple, car la plupart vivent à Paris avec des revenus élevés". A l'inverse, 43% se dit d'accord avec cette affirmation, dont 48% de personnes vivant dans des communes rurales.
Une nette condamnation des violences contre les journalistes
Enfin, une large majorité de personnes (77%) assure qu'il est "inadmissible de s'en prendre physiquement aux journalistes", quelles que soient les critiques que l'on peut faire à leur égard. Néanmoins, 15% des personnes interrogées se disent compréhensives à l'égard de celles ou ceux "qui s'en prennent physiquement à des journalistes, parce qu'ils pensent qu'ils ne font pas bien leur travail et déforment la réalité". Sur cette question, 8% des sondés n'a pas souhaité se prononcer.
Depuis le début du mouvement, de nombreuses agressions verbales ou physiques envers les journalistes ont été répertoriées, provenant des manifestants ou des policiers. En janvier, des organisations ou des associations de journalistes avaient lancé une pétition pour mettre un terme à ces violences.
* Interviews réalisées en ligne, du 11 au 18 février 2019, auprès d'un échantillon de 1 005 personnes représentatif de la population française de 18 ans et plus.
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