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Grand débat : "Bien sûr qu'il faut diminuer les impôts mais comment finance-t-on ?"

Le président de la République doit annoncer des mesures concrètes après trois mois de grand débat national. Pour le député LR Gilles Carrez, c'est "un tournant".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Gilles Carrez, député LR le 21 novembre 2018 à l'Assemblée nationale. (CHRISTOPHE MORIN / MAXPPP)

Emmanuel Macron doit annoncer à 20 heures une série de mesures pour calmer la colère des "gilets jaunes" et tirer les leçons du Grand débat national. Un discours très attendu, un "tournant" estime lundi 15 avril sur franceinfo le député LR Gilles Carrez. Pour lui, "le président a enfin pris conscience" du fait que le pays était "en overdose fiscale". Mais pour l'ancien président de la commission des Finances de l'Assemblée, "le choix qui est fait c'est celui de la facilité, du déficit et de la dette."

franceinfo : Qu'est-ce qui se joue ce soir ?

Gilles Carrez : C'est un tournant au sens où le président a enfin pris conscience du ras-le-bol fiscal des Français. J'ai du mal à comprendre qu'après avoir été le collaborateur et le ministre de François Hollande, Emmanuel Macron n'ait pas pris conscience du matraquage fiscal dont ont été victimes les Français ces dernières années. Sa première décision ça a été, à peine arrivé, de remettre la pression en augmentant les tarifs sur les carburants, c'est cela qui a déclenché le mouvement des "gilets jaunes", en augmentant la CSG pour les retraités, y compris les plus modestes. Donc là, enfin Emmanuel Macron prend conscience que notre pays est en overdose fiscale.

Il faut taper fort ce soir ?

Il y a eu un premier ensemble de mesures, pour dix milliards d'euros, qui allaient dans la bonne direction. Je pense qu'il faut poursuivre, et notamment sur l'impôt sur le revenu. Parce que tous ceux qui ont souffert ces dernières années ce sont les classes moyennes et c'est là qu'il faut porter l'effort. Bien sûr qu'il faut diminuer les impôts mais comment finance-t-on ? Où sont les vraies économies auxquelles peut s'engager Emmanuel Macron ? Je n'en vois pas pour ma part (...) Le choix qui est fait c'est celui de la facilité, du déficit et de la dette. C'est d'autant plus facile que l'État français emprunte à dix ans à 0,35%, alors pourquoi se gêner ? Sauf que notre pays est en train de frôler les 100% du PIB en dette publique. Notre dette a dépassé les 2 300 milliards d'euros donc au moindre coup de tabac, notre pays va se retrouver dans une situation très, très difficile. Et cela conduit d'ailleurs à des situations aberrantes. Car pour ne surtout pas percuter le plafond des 100% du PIB, on est à 98,5% de dette, et l'État en vient à vendre des bijoux de famille comme Aéroports de Paris, et la Française des jeux. Tout cela pour limiter la dette, et c'est une conséquence que je trouve très malsaine, d'une politique budgétaire qui consiste à annoncer der baisses d'impôts sans pour autant les dégager par des économies.

Faut-il mettre davantage à contribution les Français qui gagnent le mieux leur vie ?

Les Français qui gagnent le mieux leur vie ont un des taux marginaux les plus élevés au monde. Pour l'impôt sur le revenu ils sont dans la tranche des 45%, vous ajoutez la CSG et la contribution exceptionnelle, quand on est très riche, de 3 à 4% sur les revenus. Le problème, avec les quelques dizaines de milliers de Français très riches, c'est que s'ils quittent le pays par centaines, tous les impôts, toutes les charges qu'ils ne paieront pas seront à la charge des autres. Donc c'est une politique de courte vue. Il faut se comparer à ses voisins, et de ce point de vue nous sommes un des pays où les riches sont les plus imposés au monde.

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