Grand débat national : comment Grand Bourgtheroulde se prépare à la visite d'Emmanuel Macron
Cette première sortie du chef de l'Etat en région depuis un mois se déroulera sous haute sécurité, alors que des "gilets jaunes" et des syndicats ont appelé à manifester sur place.
C'est à Grand Bourgtheroulde, petite commune normande de l'Eure, qu'Emmanuel Macron va donner le coup d'envoi, mardi 15 janvier, du grand débat national organisé pour répondre à la crise des "gilets jaunes". A partir de 15 heures, le chef de l'Etat compte écouter pendant plus de deux heures les maires des cinq départements normands, venus exposer les doléances de leurs administrés. Cette première sortie du chef de l'Etat en région depuis un mois se déroulera sous haute sécurité : des "gilets jaunes" et des syndicats ont en effet appelé à manifester sur place.
Les habitants attendent le chef de l'Etat
Cette commune de 3 700 habitants, où Marine Le Pen est arrivée en tête du premier tour des élections présidentielles, "est honorée" de recevoir le président de la République, selon son maire sans étiquette Vincent Martin, qui a succédé au LREM Bruno Questel lorsque celui-ci est devenu député.
Mais nombre d'habitants n'attendent rien de cet hôte exceptionnel. "Cela ne sert à rien", lance Mélodie, 30 ans, mère de deux enfants, interrogée par l'AFP. "Macron c'est tout pour les riches. Nous, avant le 15 du mois, on ne s'en sort plus", ajoute la jeune femme au chômage. Le président, de son côté, ne va pas peut-être pas se rendre à la rencontre des habitants. Tout dépendra de l'ambiance, indique l'Elysée.
Faute de pouvoir le rencontrer, les habitants se sont pressés pour noircir le cahier de doléances qui sera remis en mains propres au président de la République par le maire. "Par contre, il va falloir qu'il y réponde. Il va falloir qu'il réponde aux questions et aux attentes des Français", estime un habitant de Grand Bourgtheroulde au micro de France 3.
Ici, un tiers des habitants sont retraités, un tiers est actif, un tiers a moins de 18 ans. Le taux de chômage est similaire au taux national, selon la mairie. La commune, toute nouvelle, est le résultat d'une fusion récente de trois villages. La voiture y est indispensable, d'autant que "huit actifs sur dix travaillent sur la métropole de Rouen" et qu'il n'y a pas de transports en commun pour s'y rendre, explique le maire, Vincent Martin, à France 3.
Les "gilets jaunes" veulent se faire entendre
Les "gilets jaunes" normands comptent bien profiter de la venue du président pour tenter de se faire entendre, même si la circulation dans la commune est limitée aux habitants, parents d'élèves et employés de la commune. "Il y a même des 'gilets jaunes' déjà planqués en ville. Les gens vont venir de partout : du Havre, de Caen, même de Paris !" a affirmé Laurent, figure locale du mouvement, lors d'une réunion lundi soir à une vingtaine de kilomètres de Grand Bourgtheroulde, comme le rapporte Le Monde.
Interrogés par Le Monde, des "gilets jaunes" d'Evreux, de Rouen ou encore du Mans, ont confirmé avoir prévu de faire le déplacement. Une délégation d'une centaine de personnes est également attendue de Gaillon (Eure). Des "gilets jaunes" de Brionne ont quant à eux envoyé, le 9 janvier, un courrier à la préfecture pour demander qu'une délégation puisse participer au lancement du grand débat national. La préfecture de l'Eure a confirmé au Monde avoir transmis ce courrier à la présidence.
Plusieurs centaines de maires sont conviés
Le maire de Grand Bourgtheroulde assure que la réunion ne sera "pas de la com' et une grand-messe du président de la République". Vincent Martin lui remettra "en mains propres" le cahier de doléances rempli par les Therouldebourgeois (surtout depuis l'annonce de la venue d'Emmanuel Macron). Les questions de justice fiscale – plus précisément le rétablissement de l'ISF, un tabou pour le président –, de pouvoir d'achat des retraités et de mobilité y arrivent en tête des préoccupations.
Au total, 600 maires ont été conviés. "Les maires ne seront pas organisateurs, mais acteurs [du grand débat national]", a affirmé Anne-Marie Cousin, la présidente de l'association des maires de la Manche, à France Bleu. "Ils ont seulement un rôle de relais des revendications, parce que cette crise n'est pas celle des maires." Elle compte plus particulièrement évoquer devant le président la question de "l'accès aux soins".
La préfecture a encadré la visite du président
Semblant craindre des violences de la part des manifestants, la préfecture de l'Eure a pris un arrêté interdisant la vente de carburant dans des contenants transportables pour éviter la confection de cocktails Molotov, un autre interdisant la vente de feux d'artifice, de pétards et de fusées et un troisième interdisant la consommation d'alcool sur la voie publique. Un arrêté préfectoral a aussi interdit toute manifestation dans la commune de Grand Bourgtheroulde jusqu'au mercredi 16 janvier.
Cette première sortie du chef de l'Etat en région depuis un mois se déroulera d'autre part sous haute sécurité. Lundi soir, les fourgons de gendarmerie étaient nombreux sur les routes normandes et les forces de l'ordre occupaient une bonne partie des hôtels de la région, selon Le Monde.
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