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Info franceinfo Coût du mouvement des "gilets jaunes" : "Les plus fragiles ont été les premières victimes", d'après le rapporteur de la mission parlementaire

Le député LREM du Gers Jean-René Cazeneuve est le rapporteur de la mission d'information parlementaire sur les coûts économiques sociaux et budgétaires du mouvement des "gilets jaunes". Il détaille ce rapport sur franceinfo. 

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Jean-René Cazeneuve à l'Assemblée nationale le 5 février 2019. (CHRISTOPHE MORIN / MAXPPP)

"Ce sont les plus fragiles qui ont été les premières victimes du mouvement des gilets jaunes", a souligné mercredi 17 juillet sur franceinfo Jean-René Cazeneuve, député LREM du Gers et rapporteur de la mission d'information parlementaire sur les coûts économiques sociaux et budgétaires du mouvement des "gilets jaunes"

>> Radars, assurances, commerces en centre-ville... Les huit chiffres à retenir sur le coût des "gilets jaunes"

Au-delà de la facture économique, "il y a les coûts cachés", explique le député. Ce sont "les souffrances psychologiques d'un certain nombre de commerçants". Beaucoup "vont travailler la peur au ventre".

franceinfo : Avec le mouvement des "gilets jaunes", des centres-villes ont été désertés, ce qui veut dire des baisses de chiffre d'affaires pour les commerçants ?

Jean-René Cazeneuve : La baisse des chiffres d'affaires, qui est une perte d'exploitation, est celle qu'on a le plus de mal à appréhender. Les coûts directs des dégradations, eux, sont connus. On parle de 220 millions d'euros réclamés aux assurances, et cela a certainement coûté plus cher. Ce qui est le plus marquant, c'est la perte d'exploitation : quand les nuitées d'hôtel ne sont pas remplies, vous ne les rattrapez jamais. C'est cette perte d'exploitation, qui se chiffre en milliards, qui est le phénomène le plus important, et qui amène des commerces à être à court de trésorerie. C'est ce qui nous inquiète pour la suite des évènements.

La facture est également assez lourde du côté des forces de l'ordre ?

Pour l'État, il y a des coûts importants liés aux dégradations de monuments publics, et aux forces de l'ordre qu'il a fallu mobiliser. La dégradation des radars, par exemple : on parle de 71 millions d'euros. Il y a aussi une dépense publique pour les collectivités territoriales qui ont été obligées de nettoyer, de remplacer les parcmètres, les abribus, les vidéos, de faire des travaux de voiries, de mobiliser leur police municipale. Là, c'est un coût pour les métropoles qui est de un à dix euros par habitant.

Il y a aussi les coûts invisibles ?

Au-delà des coûts visibles des dégradations, il y a des coûts cachés, moins visibles. Il n'y a pas d'accroissement significatif du nombre d'entreprises qui ont déposé le bilan, heureusement. Mais on voit qu'il y a beaucoup d'entreprises qui sont au bout de leur trésorerie. Si par malheur il devait y avoir d'autres incidents, ce sont les plus fragiles qui sont aujourd'hui les premières victimes de ces incidents. Les coûts invisibles, c'est l'image de Paris, de la France, le tourisme qui a baissé. Dans certains endroits, on n'est pas encore revenu à une fréquentation normale pour un mois de juillet. Huit mois après, on a encore des impacts sur notre économie. Les coûts non visibles, ce sont aussi les impacts personnels. Ce sont les chefs d'entreprises qui ont des collaborateurs qui vont travailler la peur au ventre. Tout cela est derrière nous, mais il y a encore cette crainte qui est présente pour de nombreux Français.

Vous pointez le paradoxe des "gilets jaunes" : ils dénonçaient la marginalisation économique de certains territoires, mais en réalité ils ont aggravé les difficultés des centres-villes ?

Beaucoup de collectivités territoriales ont du mal à animer les centres-villes. Ils ont été, ces huit derniers mois, désertés. C'est là que l'impact a été le plus important. Mais ce sont là aussi les plus fragiles qui ont été les premières victimes du mouvement des "gilets jaunes". Ce ne sont pas les grandes enseignes internationales, qui ont fermé deux samedis, qui sont les principales victimes. Ce sont les indépendants qui avaient économisé pour lancer leur commerce.

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