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"Nous sommes des citoyens, pas des spécialistes de la guérilla urbaine" : le désarroi des commerçants après le saccage des Champs-Elysées

"Les salariés sont obligés de se dire que samedi est le jour dangereux. C'est inacceptable", a réagi dimanche sur franceinfo Jean-Noël Reinhardt, président du Comité Champs-Elysées, représentant les commerçants, au lendemain de la manifestation des "gilets jaunes".

Article rédigé par franceinfo
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Une cinquantaine de commerces des Champs-Elysées ont été attaqués violemment samedi 16 mars lors de la manifestation des "gilets jaunes", 26 ont été saccagés et pillés. Un choc pour les commerçants. (JULIEN DE ROSA / EPA)

La mobilisation des "gilets jaunes" samedi 16 mars a été marquée par un regain de violence sur les Champs-Elysées à Paris. Une banque a été incendiée et de nombreux magasins ont été vandalisés et pillés. Depuis le début du mouvement il y quatre mois, les commerçants qui travaillent sur la célèbre avenue parisienne assistent chaque week-end aux mobilisations, impuissants face aux débordements. "Les salariés sont obligés de se dire que samedi est le jour dangereux. C'est inacceptable", a réagi dimanche sur franceinfo Jean-Noël Reinhardt, président du Comité Champs-Elysées, représentant les commerçants.

Franceinfo : Combien de magasins ont été vandalisés hier sur l'avenue des Champs-Elysées ?

Une cinquantaine de commerces ont été attaqués violemment, 26 ont été saccagés et pillés. Au-delà, il y a le traumatisme des 15 000 personnes qui travaillent sur les Champs-Elysées, des résidents du quartier, des visiteurs. Au-delà de ce traumatisme, il y a une atteinte profonde à ce que sont les Champs-Elysées, une part d'histoire de la France, un morceau du patrimoine de chacun d'entre nous et l'image de la France dans le monde entier. Voir que quelques centaines de personnes sont capables de fouler au pied, de détruire, de saccager avec sauvagerie et haine, ce qui a été construit depuis quelques siècles, c'est extrêmement dur.

Pouvez-vous déjà évaluer les pertes ?

Je ne suis pas en mesure d'évaluer les pertes, car même ceux qui n'ont pas été vandalisés ont des pertes gigantesques puisqu'il y a beaucoup moins de visiteurs sur l'avenue. La question centrale n'est pas là, le véritable sujet c'est l'angoisse des salariés. Le patron du Drugstore a dit à ses salariés que samedi était "le jour dangereux". Les salariés sont obligés de se dire que samedi est le jour dangereux. C'est inacceptable. Des décisions véritables, fortes, doivent être prises pour garantir la sécurité de l'avenue.

Aucune mesure de protection n'avait-été prise ?

Je ne dirais pas ça. Nous sommes en relation permanente avec la préfecture de police et nous avions été informés des risques plus importants. En dehors du samedi 1er décembre, il y a eu des dégradations très fortes. Depuis la mi-décembre jusqu'à hier, la douzaine de rendez-vous sur les Champs-Elysées ont plutôt été pacifiques. On savait qu'il y avait un risque de montée en puissance de la violence et de l'agressivité. On avait informé nos adhérents dont beaucoup avaient pris des mesures de protection de leurs établissements, mais nous sommes des citoyens, pas des spécialistes de la guérilla urbaine et donc ce sont des choses qui nous dépassent.

Fallait-il bloquer l'accès aux Champs-Elysées selon vous ?

Cela a été fait le 8 décembre et ce blocage a eu pour conséquence qu'il n'y a eu aucune destruction. Je ne sais pas quelle est la bonne réponse, mais ce que je sais c'est que les riverains des Champs sont exaspérés, ce qu'ils ont subi hier dépasse tout ce que l'on peut imaginer en termes d'agressivité et de violence. C'est la raison pour laquelle j'ai demandé à être reçu par le Premier ministre pour lui exposer les angoisses et l'exaspération de nos adhérents et surtout quelles mesures politiques le gouvernement compte prendre pour rétablir l'ordre républicain sur les Champs-Elysées.

Redoutez-vous le prochain samedi ?

Après ce que l'on a vu, si le système policier mis en place est le même qu'hier, ce sera pire, parce que cela va galvaniser des gens ultra violents qui seront trop heureux de pouvoir recasser les Champs-Elysées qui auront été péniblement remis sur pied dans la semaine. Donc il faut évidemment autre chose. Je n'imagine pas pendant une seconde qu'il n'y ait pas des décisions fortes qui soient prises.

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