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"On espère qu'ils ne fêteront pas le premier anniversaire" : dans le quartier des Champs Elysées, les commerçants restent marqués par les "gilets jaunes"

Le mouvement des "gilets jaunes" a commencé il y a un an. Franceinfo est allé à la rencontre de certains commerçants du quartier des Champs Elysées dont les boutiques ont été prises pour cible le 1er décembre 2018.

Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des pompiers devant une boutique des Champs Elysées le 16 mars 2019. (JULIEN DE ROSA / EPA)

Le mouvement des "gilets jaunes" a démarré il y a un an. Un mouvement inédit par sa durée, son ampleur et qui a été marqué par plusieurs épisodes de violences inouïs notamment dans les commerces vandalisés de la célèbre avenue des Champs Elysées et des alentours. La manifestation du 1er décembre 2018 a particulièrement marqué les esprits des commerçants notamment ceux de l'avenue Kléber. Ce samedi-là, plusieurs boutiques flambent devant ce commerçant impuissant :"ils sont rentrés à l'intérieur, ils étaient une vingtaine de casseurs. Ils ont pris de l'alcool et ils sont partis. Et ils ont cassé même à côté, la pharmacie." 

"On aurait dit qu'ils attaquaient une forteresse"

Un an après, Benjamin a toujours dans son portable la vidéo où l'on voit des hommes se déchaîner sur la vitrine de son salon de coiffure. "J'avais des pots devant, ils ont disloqué les pots qui étaient en fer forgé, ils ont cassé les vitrines, ils ont tout cassé avec les pots. On aurait dit qu'ils attaquaient une forteresse. C'était violent, c'était choquant déjà psychologiquement. On n'en a pas dormi après."  Un évènement choquant qui a eu des impacts sur son activité. "Au niveau du commerce, les samedis c'est entre 20 et 25% de notre chiffre d'affaires mensuel par salon. Donc ça se résume à une perte de chiffre d'affaires énorme sur une année. On a eu beau avoir des ministres qui sont venus nous voir, ils nous ont [annoncé] des aides qu'on n'a jamais vu. On nous a promis 1 500 euros par société", poursuit Benjamin. 

Qu'est-ce que voulez faire avec 1 500 euros quand vous avez perdu 600 000 euros de chiffre d'affaires sur un groupe entier. On a on essayé de faire face à tout et on commence à respirer.

Benjamin, coiffeur

à franceinfo

Moins 30% sur notre plus gros mois

Pour Pierre-Yves, un caviste situé à quelques mètres, le pillage de son magasin reste encore un mauvais souvenir. "Tout ce qui était "pôle" champagne vin, bordeaux, fines bouteilles, etc...On a eu, je crois, environ 10% du stock qui était parti... pillé, cassé, volé." Il estime avoir perdu 30% de son chiffre d'affaires sur le mois de décembre. "C'est surtout moins 30 sur notre plus gros mois, c'est surtout ça en fait l'impact. Mais on s'en remet et on espère être surtout tranquille pour le mois de décembre en espérant qu'ils ne fêteront pas le premier anniversaire. Ou alors s'ils les fêtent, que ça se passe de manière apaisée."

En revanche, Nathalie, gérante d'une boutique de prêt-à-porter, est toujours en colère. "Les répercussions sont encore là. Je suis une femme seule, je m'occupe de mes enfants, j'essaye de faire au mieux. Alors oui, j'ai un magasin dans le 16e, mais j'ai travaillé depuis que je suis petite. Là, on se dit tous les samedis, 'on espère qu'il n'aura pas les gilets jaunes', et encore aujourd'hui", conclut-elle. 

Le reportage de Sandrine Etoa-Andegue.

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