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"On vous dit pas de syndicats, pas de politiques" : entre méfiance et peur de la récupération, syndicats et "gilets jaunes" ont défilé conjointement le 1er-Mai

Si les manifestants engagés sont favorables à un rapprochement et une convergence des luttes, les "gilets jaunes" préfèrent y apporter certaines conditions par peur de la récupération.

Article rédigé par franceinfo - Sarah Tuchscherer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 1 min
"Gilets jaunes" et mouvements syndicaux ont défilé conjointement, mercredi 1er mai 2019, à Paris. (LUCAS BARIOULET / AFP)

Un 1er-Mai en "rouge et jaune". Les rouges de la CGT et les "gilets jaunes" avaient décidé de défiler ensemble, mercredi 1er mai. Alors qu'Olivier Besancenot espérait que cette journée allait "sceller l’alliance attendue entre des 'gilets jaunes' et le mouvement ouvrier traditionnel", il n'en fut rien. En écoutant les manifestants des deux bords, cette "convergence des luttes" a bien du mal à se mettre en œuvre, entre méfiance réciproque et peur de la récupération.

Les 'gilets jaunes", c'est nous. Enfin, quand je dis c'est nous, on est pareils quoi.

William
conseiller communiste à Epernay

à franceinfo

"Mon grand-père était membre de la CGT, ma mère était à la CGT et moi aussi j'y suis", raconte Claude. La quinquagénaire trouve que la présence des "gilets jaunes" est une excellente chose, car "cela redonne du punch aux luttes".

Comme cette militante, William "souhaite que la convergence des luttes puisse se faire", mais sur le terrain, c'est plus compliqué. Le conseiller communiste à la mairie d'Epernay (Marne) est "allé en voir dans son secteur". Il a discuté avec eux, mais il a été dissuadé de manifester avec eux : "On m'a dit : 'pas de syndicats, pas de politiques'. Donc je respecte, je ne viens pas".

La peur d'être "récupérés"

Côté "gilets jaunes", la méfiance est là. "Le mouvement est parti sans eux. Ils ont la possibilité de le rejoindre, mais ils n'ont certainement pas la possibilité de prendre la tête du mouvement", estime Christophe. Pour cet habitué des ronds-points du Val-de-Marne, si les syndicats venaient pour "vouloir négocier avec le gouvernement en prétendant être représentatifs des 'gilets jaunes' par exemple, ça c'est totalement inenvisageable".

Mercredi, dans le cortège, les sonos des camionnettes syndicales rivalisaient avec les chants des "gilets jaunes". Arrivés place d'Italie, à Paris, ces derniers étaient tout de même infiniment plus nombreux que les chasubles rouges de la CGT.

Reportage de Sarah Tuchscherer

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