Réunion de "gilets jaunes" à La Provence : "On n'est pas du tout engagés dans cette affaire", se défend Franz-Olivier Giesbert, le directeur éditorial
Une réunion de "gilets jaunes" s'est tenue samedi 5 janvier dans les locaux du journal La Provence à Marseille. Le directeur éditorial du quotidien Franz-Olivier Giesbert a précisé sur franceinfo qu'il s'agissait d'une décision du propriétaire Bernard Tapie et que la rédaction "n'est pas du tout engagée dans cette affaire".
À l'invitation de Bernard Tapie, propriétaire du titre, plusieurs dizaines de "gilets jaunes" se sont réunis samedi 5 janvier dans les locaux techniques de La Provence, situés près de l'imprimerie du journal à Marseille. Une idée qui n'a pas été du goût de certains membres de la rédaction, qui dénoncent "un amalgame gênant" entre "une position personnelle de Bernard Tapie et le journal La Provence". Invité de franceinfo lundi 7 janvier, le directeur éditorial du quotidien Franz-Olivier Giesbert affirme que La Provence "n'est pas du tout engagée dans cette affaire".
Est-ce vraiment le rôle d'un média que d'accueillir des "gilets jaunes" ?
Je crois qu'il faut un peu se calmer dans cette affaire. C'est un truc qui n'intéresse en fait que les journalistes et qui ne concerne pas trop les Français, surtout après la journée qu'on a vécue samedi. En fait, Bernard Tapie, qui est l'actionnaire principal de La Provence, a prêté des locaux industriels aux "gilets jaunes" pour qu'ils puissent y faire leur première réunion. Ces locaux, c'est un hangar pas chauffé avec des gros rouleaux de papier, comme il y a dans les journaux, et c'est là qu'ils se sont réunis. J'étais là avec le PDG de La Provence Jean-Christophe Serfati et on n'a servi qu'à ouvrir et fermer les portes.
Pourquoi le faire avec les "gilets jaunes" et pas avec les retraités, les étudiants ou les profs quand ils manifestent ?
C'est différent. D'après ce que j'ai compris, ce sont des "gilets jaunes" qui ont parlé avec Bernard Tapie et qui ont envie de passer à la vitesse supérieure. On voit bien, aujourd'hui, que le mouvement des "gilets jaunes" est en train de se fracturer. Il y a les historiques, ce sont eux qui étaient à La Provence à Marseille. Il y a ceux qu'on peut appeler les récupérateurs, les gens qui sont dans les partis au Rassemblement national, à La France insoumise. Et puis il y a les sans-culottes, les insurrectionnels qui se donnent rendez-vous à peu près tous les samedis dans les grandes villes de France. Et là c'étaient les historiques. Ils étaient tous là et ils essaient de créer quelque chose. C'est une nouvelle aventure qui commence pour eux. Je pense que si ce mouvement ne s'organise pas, à un moment donné, il ne va aller nulle part. Là, il n'y a pas d'engagement de La Provence dans cette affaire. Vous savez, moi j'ai travaillé au Nouvel Observateur, les journalistes faisaient la campagne de François Mitterrand en 1974. On n'en est pas là du tout ! On n'est pas du tout engagés dans cette affaire.
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) dénonce un "mélange des genres hallucinant"
Je répète : ils se sont réunis dans un hangar industriel où sont entreposés d'énormes blocs de papier. Quand même, il ne faut pas exagérer ! Après, que certains syndicats posent des limites, très bien, ils sont tout à fait dans leur rôle et c'est normal. Mais je ne vois pas en quoi La Provence est engagée. La Provence a mis à disposition ses locaux à la demande de l'actionnaire principal, point barre. Après, on ne va pas tous enfiler des gilets jaunes pour faire les articles, ça n'a rien à voir, c'est absurde.
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