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Un policier bloqué à l'entrée d'une boulangerie-pâtisserie à Paris : que s'est-il passé ?

Un échange tendu a opposé le responsable d'un établissement de la Maison Landemaine et un agent des forces de l'ordre, en marge du rassemblement organisé samedi dernier sur la place de la République. Franceinfo a retrouvé un témoin de la scène. 

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux présente un échange tendu entre le salarié d'une boulangerie-pâtisserie et un agent des forces de l'ordre, samedi 2 février 2019, à Paris. (LA FRANCE EN COLERE / FACEBOOK)

"Je vous préviens, pas d'arme dans l'établissement." Le responsable d'une boulangerie-pâtisserie a refusé que des policiers entrent armés et cagoulés dans sa boutique, samedi 2 février, en marge d'un rassemblement de "gilets jaunes" sur la place de la République, à Paris. Un agent des forces de l'ordre en civil apparaît sur une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, alors qu'il se trouve à l'entrée de l'établissement. Le salarié lui explique que les policiers peuvent entrer mais sans avoir le visage couvert, par égard pour la clientèle. "Je crois que je vais aller ailleurs", conclut le policier équipé d'un brassard orange, avant de s'éloigner;

Vidéo Landemaine
Vidéo Landemaine Vidéo Landemaine

Ce samedi-là, les heurts ont commencé vers 15 heures sur la place, encore plus tôt que la semaine précédente. Plusieurs clients sont réfugiés dans la boutique toute proche. "Il y avait une mère de famille BCBG venue chercher des gâteaux vegan et une gamine de 15 ans en panique – c'était la première fois qu'elle venait à Paris", décrit un témoin à franceinfo. Des "street-medics" soignent également des personnes. Parfois, une odeur poivrée de bombe lacrymogène se faufile sous la porte vitrée. Le responsable n'est pas serein – "il ne savait pas comment cela allait tourner".

"C'était très tendu"

La situation est déjà tendue depuis une heure et demie, quand deux agents cagoulés entrent dans la boutique avec leurs flash-balls. "Compte tenu du contexte", ils repartent assez rapidement de l'établissement, poursuit le témoin contacté par franceinfo. Un peu plus tard, deux nouveaux agents cagoulés s'approchent de la boulangerie-pâtisserie, mais cette fois-ci, ils sont attendus par le responsable sur le pas de la porte. Celui-ci invite les agents à se découvrir et à éviter de porter des armes dans la boutique. L'un d'eux découvre son visage mais n'apprécie pas la consigne, comme le montre la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.

L'incident n'est pas clos pour autant, toujours selon le témoin contacté par franceinfo qui affirme que l'agent est resté dans les parages une demi-heure environ. "Lui et d'autres agents regardaient le magasin, c'était très tendu." Franceinfo dispose en effet d'une photographie du policier de l'autre côté de la vitrine, alors que le soir commence à tomber. Les clients finissent par demander à un officier de police d'intervenir, ce qui permet de faire retomber la tension. Contactée par franceinfo, la préfecture de police de Paris n'avait pas encore répondu au moment de la publication de l'article.

"Une enseigne de commerçants apolitique"

Le lendemain des faits, la direction de la Maison Landemaine a rappelé dans un court communiqué qu'elle était "une enseigne de commerçants apolitique" et que ses boulangeries "sont ouvertes à tous dans le respect des valeurs républicaines". Elle écrit encore que ses équipes "s'efforcent de préserver une atmosphère calme au sein de [se]s établissements en demandant aux policiers et aux manifestants de ranger leurs armes et d'ôter leurs cagoules." La direction, toutefois, n'a pas donné suite aux sollicitations de franceinfo.

La scène a été partagée et commentée à l'envi. Quand certains affichaient leur soutien au commerçant, d'autres, au contraire, ont dénoncé une attitude discriminatoire. "Tiendrez-vous le même discours et demanderez-vous aux policiers de laisser leurs armes attachées au lampadaire quand vous vous ferez braquer ou que des personnes violentes saccageront votre vitrine ?", s'est notamment indignée Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police FO. La direction, elle, a démenti "toutes formes de soutien à une cause politique qui ont été déduites de ces images".

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