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Violences envers les parlementaires : "On n'a pas peur, à chaque nouvelle agression on est un peu plus déterminés"

Après qu'une soixantaine de députés de la majorité ont été menacés par des personnes violentes ce week-end et la maison du président de l'Assemblée nationale visée par un incendiaire, la députée La République en Marche de l'Isère Cendra Motin appelle lundi à une prise de conscience.

Article rédigé par franceinfo
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Cendra Motin, à l'Assemblée nationale, à Paris, le 28 juillet 2017. (JACQUES DEMARTHON / AFP)

"On n'a pas peur. Je pense qu'à chaque nouvelle agression on est un peu plus déterminés", déclare la députée La République en Marche de l'Isère Cendra Motin, lundi 11 février sur franceinfo, alors qu'une soixantaine de députés de la majorité ont été pris pour cible, directement ou indirectement, par des personnes violentes et alors que la maison bretonne du président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, a été visée par une tentative d'incendie quelques jours auparavant.

franceinfo : Une ligne rouge a-t-elle été franchie ?

Cendra Motin : Bien sûr. Et je pense que les réactions, enfin, de la classe politique l'ont bien montré ce week-end. Pour la première fois, nous avons entendu aussi bien Laurent Wauquiez que Jean-Luc Mélenchon, tous les responsables politiques, condamner unanimement. Marine Le Pen également et je pense qu'il était temps.

Les députés ont-ils pris des mesures pour leur propre sécurité ?

Déjà depuis plusieurs mois, on est pour certains sous surveillance policière, nos maisons sont toutes surveillées. Je ne pense pas que l'on puisse faire autre chose si ce n'est appeler les Français, les personnes qui sont tombées dans cette violence, à prendre conscience qu'il faut arrêter. On parle d'une grande majorité des députés La République en Marche puisqu'aujourd'hui nous sommes nombreux à avoir été pris pour cible, plus d'une soixantaine. Je pense qu'il y a aussi une surveillance pour s'assurer, pendant cette période où nous sommes de nouveau très exposés, sur le terrain, parce qu'au milieu de nos concitoyens pour le grand débat national, il est important que nous puissions le faire en étant rassurés sur le fait qu'on ne craint rien. (…) Mon domicile est protégé. Je n'ai pas une protection quotidienne, mais j'ai des gendarmes qui veillent tous les jours sur mon domicile et sur ma famille et heureusement. Cela fait partie du travail de sécurité des gendarmes qui auraient bien d'autres choses à faire, je suis bien d'accord là-dessus. Il ne faut pas oublier qu'ils ont un travail à faire au quotidien et cela vient se rajouter en plus. C'est donc leur mission, mais on se sent quand même vraiment redevables auprès d'eux.

Avez-vous peur ?

On n'a pas peur. Je pense qu'à chaque nouvelle agression, on est un peu plus déterminés et notre action au sein du grand débat et le fait que des Français y adhèrent nous permet de continuer à dialoguer puisque, loin des images de la Révolution française que certains ont voulu véhiculer pour faire un parallèle avec ce qui se passe aujourd'hui dans notre pays, nous avons en face de nous des Français qui ont envie de parler, qui ont envie de débattre, qui ont envie de s'exprimer et pas des gens qui ont envie de tout casser. C'est une infime minorité, mais c'est une minorité qui n'a pas été suffisamment fortement condamnée.

Pensez-vous que vous payez, en quelque sorte, le désamour de certains Français envers Emmanuel Macron ?

Non, je crois simplement qu'on est aujourd'hui plus exposés. D'abord parce qu'on est beaucoup plus sur les réseaux sociaux, là où sont les "gilets jaunes" aussi. C'est comme cela que certains nous repèrent et je ne parle pas des gens qui veulent faire les choses pacifiquement, mais bien de ceux qui veulent essayer d'instiller la peur. Et puis, il y a aussi une différence : c'est que nous n'avons plus d'autre mandat, nous n'avons plus de cumul des mandats qui faisait que peut-être les députés, avant, en étant maires, étaient un peu plus protégés. Nous sommes bien plus liés aux textes de loi que nous votons et nous cristallisons, comme l'ensemble de la classe politique, une espèce de rage qui n'a pas lieu d'être. Nous portons systématiquement plainte. C'est important, car nous ne voulons rien laisser passer. Aujourd'hui les outils sont là, il nous en manquait un pour assurer la sécurité de nos concitoyens pendant les manifestations, on a voté la semaine dernière une loi contre ces personnes [la loi anti-casseurs] et nous espérons que cela portera ses fruits le plus rapidement possible.

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