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Procès du Rio-Paris : les familles des victimes du crash craignent une bataille d'experts indigeste

Le procès du crash de l'avion Rio-Paris s'ouvre ce lundi 10 octobre. Air France et Airbus y sont poursuivis pour "homicide involontaires" dans cet accident qui a tué 216 passagers et 12 membres d'équipages dans l'Océan Atlantique le 1er juin 2009. De nombreux experts seront entendus lors d'audiences qui s'annoncent très techniques.

Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Débris de l'A330 d'Air France repêchés par la marine brésilienne et débarqués au port de Recife (Brésil), le 14 juin 2009. (EVARISTO SA / AFP)

L'autospie de l'accident le plus meurtrier d'Air France. Le procès du crash de l'avion Rio-Paris, qui s'ouvre ce lundi 10 octobre au tribunal correctionnel de Paris, va être un défilé et une bataille d'experts à la barre, avec vidéos, reproductions, schémas... Airbus et Air France, tout deux poursuivis pour "homicide involontaire", vont être amenés à revenir sur les causes et circonstances de l'accident, qui a tué 216 passagers et 12 membres d'équipages le 1er juin 2009 dans l'Océan Atlantique.

Erreur humaine ou problèmes techniques ?

Les experts vont décortiquer pendant neuf semaines la trajectoire du fameux vol AF447 qui s'est abîmé en pleine nuit dans l'Océan Atlantique, 3h45 après son décollage depuis Rio de Janeiro. Plus de treize ans après le drame, Airbus et Air France ont déployé de gros moyens pour démontrer qu'ils n'ont pas commis de faute, et pour se la renvoyer aussi. Au coeur de l'enquête, il y a aussi les boites noires, qui n'ont été retrouvées à 4 000 mètres de fond que deux ans après le crash, en 2011. 

Aujourd'hui, il est reproché à Airbus d'avoir "sous-estimé la dangerosité de ses précédents incidents" sur ses fameuses sondes "Pitot", des instruments, placés au niveau du nez de l'avion, qui mesurent la vitesse. Lors du vol Rio-Paris, ils ont gelé, provoquant une série de dysfonctionnements. Au cours des 14 mois précédents le crash, il y avait déjà eu 18 incidents du même genre et Airbus n'aurait pas, en somme, opéré un retour d'expérience suffisant pour identifier l'origine de ces pannes et trouver des solutions.

Pour l'avionneur européen, l'appareil a piqué à cause d'une erreur de pilotage. Les syndicats de pilotes, qui sont parties civiles, ont prévu de répliquer à l'audience à cette lecture des évènements, totalement erronée selon eux. À la compagnie Air France, il est reproché une défaillance dans la formation et l'information des pilotes. Ils n'auraient pas été suffisamment exposés à l'entrainement au cas de figure qu'ils ont rencontré cette nuit-là. D'où leur perte totale de repères. 

Le chemin de croix des parties civiles

Éprouvées par treize ans d'enquête et de procédure, les 489 parties civiles ne veulent qu'une seule chose : comprendre si ce qu'il s'est passé était prévisible. Les familles veulent ainsi que les responsabilités soient établies et assumées, quand leur crainte reste de voir le procès être noyé par une succession d'expertises indigestes. 

"Ce qui a pu se passer dans cette carlingue, les hurlements, cet avion qui pique dans une tourmente terrifiante. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?"

Alain Jakubowicz, avocat de l'association Entraide et solidarité AF447

France Info

Les familles sont fatiguées mais espèrent encore des réponses. "Air France et Airbus vont essayer de rendre ce procès technique, mais qu'est-ce qu'il y a derrière ?", interroge Alain Jakubowicz, avocat de l'association Entraide et solidarité AF447, avant de poursuivre : "Il y a de la matière humaine. On a, certes des enregistrements de ce qu'il s'est passé dans le cockpit, et on ne sait pas si on va les passer à l'audience, mais c'est l'imagination de ces familles qui attendaient à l'aéroport, qui venaient chercher leur père, leur enfant, leur compagnon, qui ne sont jamais arrivés, et qui, depuis, se refont le film [du crash]".

Les victimes dans l'avion étaient de 32 nationalités différentes, assez jeunes. Parmi les parties civiles, beaucoup de parents âgés vivent en province ou à l'étranger. Suivre neuf semaines d'audience à Paris sera compliqué pour eux : ils regrettent qu'aucune webradio n'ait été prévue, comme cela avait été le cas pour le procès des attentats du 13 novembre ou celui de l'attentat de Nice.

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