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Ligne Lyon-Turin : impact environnemental contre réduction du trafic routier, les opposants et les partisans avancent leurs arguments

Les opposants français et italiens au projet de ligne ferroviaire Lyon-Turin se rassemblent samedi en Haute-Maurienne. La manifestation a été interdite par la préfecture de Savoie en raison des risques de débordement. 2 000 policiers et gendarmes seront déployés.
Article rédigé par Mathilde Imberty
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'accès au tunnel de base, près de Saint-Jean-de-Maurienne. Juin 2023 (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

Sur les hauteurs de Villarodin-Bourget (Savoie) Philippe Delhomme, observe avec dépit le chantier de la nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin. "Tout paraît très bucolique. Et puis tout d'un coup, c'est hallucinant parce que vous avez devant vous une zone humide, ou plutôt, c'était une zone humide", décrit le coprésident de l'association Vivre et agir en Maurienne. Opposé depuis toujours à ce projet, Philippe Delhomme plaide pour une alternative.  

"Je pense qu'avec l'existant, on a largement de quoi faire tous les transports nécessaires. Et d'ailleurs, faut-il augmenter les transports ? C'est ça la question."

Philippe Delhomme

franceinfo

Gilles Margueron, maire Villarodin-Bourget, assure que ce chantier a des conséquences négatives pour sa commune. "Le premier gros impact, ça a été l'eau. Les sources se sont taries. Ensuite, il y a tout ce qui va avec un gros chantier : la poussière, le bruit ..." Selon l'édile, "les gens commencent à prendre conscience qu'il y a des choses qui sont abîmées ou cassées et qu'on n'arrivera pas à les réparer. Pour l'eau, on est arrivé à réparer en allant chercher des sources plus haut, en altitude. Mais il faudra la chercher où l'eau, le jour où se sera vraiment siphonné ?" interroge l'élu. 

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"Gommer les inconvénients de la ligne historique"

Le tunnel de base doit être mis en service en 2032, selon TELT (Tunnel Euralpin Lyon Turin), la société en charge de la réalisation du tunnel transfrontalier. Il reliera Suse dans le Piémont, à Saint-Jean-de-Maurienne en Savoie, sur 57,5 kilomètres. "Cette ligne, elle gomme aussi les inconvénients de la ligne historique", argue Philippe Rollet, maire de Saint-Jean-de-Maurienne et fervent partisan du projet. Il souligne que la ligne ferroviaire actuelle est "à forte pente". Par conséquent, "on est souvent obligé de mettre une machine à l'arrière des trains pour aider à monter à Modane qui est à 1000 mètres d'altitude. Ces contraintes ne permettent pas un fonctionnement de trains de marchandises modernes."

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Pour les défenseurs du projet, la ligne Lyon-Turin permettra de désengorger efficacement les vallées en Savoie en transférant un million de camions sur les rails. "J'ai vécu la catastrophe du Mont-Blanc. En un jour, on a doublé le trafic : on avait 2 000 camions par jour, on s'est retrouvé 4 000 camions par jour", se souvient François Chemin, maire de Fourneaux dans la vallée de la Maurienne. "Mon engagement pour le ferroutage et le report massif date de ce moment-là. Depuis, je n'ai pas dévié", affirme-t-il. À ce jour, 20 % du tunnel de base a été creusé. Mais la question des voies d'accès à ce tunnel côté français n'est pas réglée et c'est un motif d'inquiétude pour les partisans, alors que côté italien, les travaux avancent plus vite.

Ligne Lyon-Turin : opposants et partisans au micro de Mathilde Imberty

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