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Métros, bus, tramways... On vous explique la menace d'un arrêt des transports en commun dès cet été

Les régions, villes ou communautés urbaines chargées de l'organisation des transports en commun menacent d'arrêter le trafic des bus, des trams, des métros ou des trains régionaux dès cet été ou au plus tard à la rentrée si l'État ne leur vient pas en aide de toute urgence.

Article rédigé par Raphaël Ebenstein
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'Ile-de-France concentre à elle seule un peu plus de 2,5 milliards de pertes. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

C'est une conséquence indirecte de l'épidémie de coronavirus Covid-19 et un dossier potentiellement explosif qui concerne les millions d'usagers quotidiens des transports en commun dans toute la France. Les régions, villes ou communautés urbaines chargées de l'organisation de ces transports laissent en effet planer la menace d'un arrêt pur et simple du trafic des bus, des trams, des métros ou des trains régionaux dès cet été ou au plus tard à la rentrée si l'État ne leur vient pas en aide de toute urgence. Une aide chiffrée à 4 milliards d'euros.

Les recettes se sont effondrées à cause du confinement

L'affaire prend une tournure très politique, avec Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France, qui mène la fronde contre le gouvernement. Tout est parti en fait d'un courrier, discret mais alarmiste, adressé à Emmanuel Macron le 20 mai par le Groupement des autorités responsables de transport (GART), qui représente les collectivités. Il évoquait une perte de 4 milliards d'euros, dont 2 milliards de recettes voyageurs, liée à l'effondrement de la fréquentation lors du confinement et aux strictes règles de distanciation après le déconfinement, et 2 milliards normalement payés par les entreprises, sous forme de "versement mobilité", la contribution pour financer les transports, conséquence de l'arrêt d'activité de secteurs entiers de l'économie.

Les élus demandaient donc une compensation intégrale à l'État. Mais ils n'ont pas reçu de réponse, ce que certains jugent au mieux incompréhensible, au pire méprisant. D'où une montée de tension, d'abord en sourdine, avant que Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France et d'Île-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports de la région, n'intervienne publiquement, soutenue d'ailleurs par la maire de Paris Anne Hidalgo. Il faut dire que l'Ile-de-France concentre à elle seule un peu plus de 2,5 milliards de pertes sur les 4 milliards.

La région Ile-de-France ne paiera plus à partir du 8 juillet

Y a-t-il pour autant un risque réel d'un prochain arrêt des bus ou des métros ou s'agit-il d'un simple coup de pression sur l'État ? Personne ne veut croire au scénario du pire, mais la région Ile-de-France a bel et bien prévenu la RATP et la SNCF, les exploitants avec qui elle est sous contrat, qu'elle ne les payerait plus à partir du 8 juillet. La RATP a certes quelques réserves financières et peut faire rouler normalement ses bus ou ses métros cet été, même si elle n'est plus payée, mais ses ressources ne sont pas inépuisables. Et ce n'est pas son rôle, elle n'est qu'un opérateur pas un décideur. Idem pour les réseaux de bus dans les principales métropoles.

Les élus locaux refusent d'augmenter les prix

Tout l'enjeu est de savoir qui va payer la facture et compenser les 4 milliards de pertes : l'État, donc le contribuable, ou les usagers des transports ? Les élus locaux refusent catégoriquement d'augmenter le prix des tickets ou des abonnements et d'endosser l'impopularité d'une telle mesure. Ce serait en effet de l'ordre de 20 euros de plus par mois pour le Pass Navigo en Ile-de-France, par exemple. La situation semble aujourd'hui dans l'impasse, dans l'attente, peut-être, d'une annonce forte d'Emmanuel Macron lui-même début juillet.

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