Normandie : un TER sans freins lancé dans une course folle sur 19 kilomètres
Le train a heurté deux bovins. Après le choc, le conducteur n'a pas pu s'arrêter car le système de freinage était endommagé. Des conducteurs font donc valoir leur droit de retrait jeudi 22 octobre. De son côté, la SNCF a déposé plainte.
Un train en roue libre. Mardi 20 octobre, aux alentours de 8 heures, un TER de Haute-Normandie qui circulait sur la ligne Abancourt-Rouen percute deux vaches. L'incident a lieu en pleine campagne, juste avant la gare de Serqueux (Seine-Maritime). Au lieu de s'arrêter comme prévu après le choc, le train continue sa course... sur 19 kilomètres.
"La collision a provoqué une rupture d'alimentation de l'ensemble des systèmes du train et une cessation de l'effort de freinage pour l'heure encore inexpliquée", explique jeudi 22 octobre la CGT Cheminots à France 3 Basse-Normandie. Le train "s'est mis à dériver tout éteint", a raconté mercredi soir un représentant du syndicat Sud Rail, au quotidien régional La Manche libre.
Sept passagers à bord
Un porte-parole de la SNCF confirme à francetv info : "Le système de freinage était endommagé. Le conducteur a tout de suite donné l'alerte par téléphone. Il a eu le bon réflexe." "Pendant ce temps, le contrôleur a regroupé les passagers en queue de train", poursuit le porte-parole. Il y avait sept personnes à bord de ce train régional.
Le train a terminé sa course en pleine voie, 19 kilomètres plus loin. Grâce au terrain en côte, il a fini par ralentir tout seul. Le conducteur a ensuite placé des cales pour éviter qu'il ne bouge. Puis cet homme a été pris en charge. "Ne pas réussir à arrêter le train était traumatisant. Il a vécu un choc psychologique", commente la SNCF. Il est en arrêt maladie selon France 3 Basse-Normandie. Tous les passagers ont été finalement acheminés à destination, "en voiture", précise la SNCF.
Les conducteurs exercent leur droit de retrait
Inquiets après cet incident, des conducteurs de train font valoir leur droit de retrait, jeudi. Ils mettent en avant le matériel défectueux. "Cet accident interroge une nouvelle fois sur la conception des nouveaux matériels roulants. Il n'est pas concevable, pour la fédération CGT des cheminots, que des matériels ferroviaires puissent être conçus de telle manière qu'une avarie, quelle qu'elle soit, ne provoque pas l'arrêt immédiat du train", explique le syndicat majoritaire à la SNCF, sur France 3 Basse-Normandie.
Le trafic est donc perturbé toute la journée en Haute-Normandie et en Basse-Normandie. Si vous devez prendre un TER dans cette région, mieux vaut vérifier s'il circule.
La SNCF porte plainte pour détérioration de matériel
De son côté, la SNCF a ouvert une enquête interne. Les premières conclusions seront connues dans quelques jours. "On a envoyé nos meilleurs experts, assure le porte-parole. Ils vont déterminer ce qui s'est passé, quelle partie technique a failli." L'avant du train est très endommagé.
L'entreprise ferrorivaire publique a aussi déposé plainte contre X pour détérioration de matériel. "Des bovins n'ont pas à se trouver sur des voies ferrées", commente le porte-parole. Pourtant, un tel choc n'est pas rare : il y en a environ 1 000 par an, avec du gibier ou d'autres animaux. "Mais c'est la première fois que cela endommage le système de freinage", précise-t-il.
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