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Paris sans voiture ni scooter : ils ont testé pour nous

Sept jours sans ma voiture. C'est l'opération-réalité initiée par la mairie de Paris à laquelle une vingtaine de Franciliens participent depuis lundi et qui s'achèvera dimanche 25 septembre à l'occasion de la deuxième édition de la Journée sans voiture. Grégoire Lecalot a suivi deux candidats dans leurs nouvelles façons de se déplacer. 

Article rédigé par Grégoire Lecalot, Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le Vélib', dans les rues de Paris. (FRANCOIS MORI/AP/SIPA / AP)

Paris sans ses voitures, sans ses bouchons et sans ses odeurs de pots d’échappement... C’est l’ambition de la deuxième édition de la Journée sans voiture qui se déroule dimanche 25 septembre. Et cette année, la mairie a décidé d'interdire presque la moitié de la ville aux automobiles et aux deux-roues à moteurs.

Pour se rendre compte de l’impact réel sur les automobilistes, une vingtaine de Franciliens, dont des Parisiens, se sont portés volontaires depuis lundi pour participer à une opération-réalité baptisée Sept jours sans ma voiture. Le principe est simple. On laisse les véhicules au garage et en échange, la ville offre les transports en commun et autres modes de déplacements "doux", Autolib’ ou encore Vélib’.

REPORTAGE : Grégoire Lecalot a suivi deux candidats à l'opération "Sept jours sans ma voiture".

Un trajet domicile-travail en métro plutôt "agréable

Souad, 31 ans, vit encore chez ses parents. A quelques pas de l'appartement familial à Créteil, elle a garé sa petite voiture noire, son "petit truc" à elle comme elle dit. Mais cette semaine, les clés du véhicule sont restées au fond du sac. Un vrai sevrage et pas seulement automobile. "Je fume beaucoup dans ma voiture. Si je suis bloquée dans les bouchons par exemple. Donc là j’ai fumé beaucoup moins", constate la jeune femme qui a réduit sa consommation de moitié, fait-elle remarquer.

Le métro transporte plus de 1,5 milliard de voyageurs par an à travers Paris et son agglomération.  (OLIVIER ARANDEL / MAXPPP)

De Créteil, Souad prend la direction de la Porte des Lilas, dans le nord-est de Paris, où elle a ouvert une épicerie. Pour s’y rendre aujourd’hui, elle emprunte donc la ligne 8 du métro. "C’est tranquille, franchement ça va. Je ne sais pourquoi j’étais autant réfractaire. Je crois que c’est parce que j’ai l’impression de perdre un peu ce côté indépendant : 'Si je veux rentrer, je rentre'", explique-t-elle. Une indépendance d’autant plus appréciable "quand on sort en banlieue", ajoute-t-elle.

Je ne sais pourquoi j’étais autant réfractaire (aux transports en commun)

Souad – 31 ans

France Info

Changement de décor à République pour prendre la ligne 11 qui fait Châtelet - Mairie des Lilas. "Vous apprécierez l’odeur délicieuse et exquise de la station", commente avec humour la jeune femme, mais l’important "c’est que le service fonctionne", poursuit-elle. La fin du trajet se fait debout. Mais "c’est rapide", admet Souad, qui a trouvé le trajet "agréable". Agréable et actif. Grâce à une application sur son téléphone portable, la trentenaire sait combien de pas elle effectue dans la journée. Et depuis qu’elle n’utilise plus sa voiture, le résultat a été "multiplié par cinq !" constate-t-elle. 

Une quarantaine de minutes plus tard, Souad arrive à destination. Et inutile de chercher une place pour stationner la voiture à l’arrivée. L'épicerie peut ouvrir à l'heure. Au final, cette expérience sans voiture l'a plutôt convaincue. "Je pense que je vais continuer. Je ne vais peut-être pas faire tout en métro. Le samedi et le dimanche je prendrai ma voiture parce qu’il n’y a vraiment personne (sur la route). Par contre, les autres jours de la semaine, oui", assure-t-elle.

Une perte de liberté

Dans un parking près de la Porte d'Italie, dans le sud de la capitale, nous retrouvons Félix, étudiant infirmier, et son scooter. Félix travaille à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre, pas très loin. Et pour lui, pas facile de renoncer à son deux-roues motorisé dans Paris. "C’est assez pratique, on peut se faufiler à peu près partout, le garer comme on veut. Des trajets qui peuvent durer 30 minutes en voiture, le temps de trouver une place, moi je les fais en dix minutes", souligne le jeune homme.

Plus de Vélib’ à ma station, je suis arrivé en retard au boulot !

Félix, étudiant infirmier

Accro au deux-roues, il aurait bien aimé un vélo électrique car l'hôpital est en haut d'une grande côte, mais il n'y en avait plus. Alors Félix s’est rabattu sur le Vélib’. "J’ai mon pass Vélib’ maintenant et je prends mes vélos soit pour aller au travail soit pour faire mes courses", explique-t-il. Faut-il encore trouver des vélos disponibles. "J’ai voulu prendre un Vélib’ ce matin, il n’y en avait pas à ma station. J’ai dû aller au boulot à pied en urgence, je suis arrivé en retard !" raconte-t-il. Et rebelote au retour, "du coup j’ai dû prendre un taxi".

Onze ans après leur lancement à Paris, les vélos en libre-service (Vélib’), un service pour lequel on peut s’abonner pour 29 euros par an, sont largement utilisés dans la capitale. Problème, pas toujours facile de trouver un vélo disponible près de chez soi si on n’a pas anticipé. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

Et puis faire ses courses en Vélib’, c'est compliqué. Dans l'opération, Félix a le droit d'appeler des coursiers. Mais pas de chance encore une fois, ce jour-là il n'y en a pas de libre avant deux heures. 

Résultat, pour Félix, rien ne remplace la souplesse du scooter. Pas convaincu donc par l'option sans moteur. "On s’inscrit, on attendant, on réserve une course, on réserve une livraison, on réserve une voiture pour partir en week-end, c’est vraiment être dépendant", regrette l’étudiant pour qui les inconvénients des modes de transport "doux" sont actuellement plus nombreux que leurs avantages, en terme de déplacement. C’est une perte "de liberté", résume Félix qui assure cependant avoir "réellement envie" d’avoir "une action plus réfléchie" sur ses transports.

Près de la moitié de Paris sans voiture dimanche

L'opération "Sept jours sans voiture" se termine dimanche 25 septembre pour la grande Journée sans voiture à Paris. Cette année, 650 km de chaussées, soit 45% de Paris intra-muros, seront interdites aux véhicules motorisés de 11h à 18h. Parmi les 650 km de chaussées sans voiture, quelques rues et zones seront 100% piétonnes et pourront accueillir des animations de plein air, souligne la mairie de Paris. 

Mobilité : les différences régionales. (Visactu)

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