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Réquisitions de personnels : "C'est l'arme atomique en matière de conflits sociaux, le 49.3 social", estime un historien

Réquisitionner les personnels des raffineries comme l'a fait le gouvernement, peut selon Stéphane Sirot, "casser une grève, mais ça peut aussi tendre la situation, voire convaincre ceux qui n'étaient pas dans le mouvement".

Article rédigé par franceinfo
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Des salariés grévistes et représentants syndicaux de TotalEnergies devant la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), lundi 10 octobre 2022. (DAMIEN MEYER / AFP)

La réquisition de personnels grévistes, comme celle lancée par le gouvernement dans plusieurs dépôts de carburants de TotalEnergies et Esson-ExxonMobil, "est l'arme atomique en matière de conflits sociaux", estime vendredi 14 octobre sur franceinfo Stéphane Sirot, historien spécialiste des grèves et du syndicalisme. Pour cet enseignant d'histoire politique et sociale du XXe siècle à l'université de Cergy-Pontoise, la réquisition peut être perçue comme un "49.3 social" [l’article 49, alinéa 3, de la Constitution permet de faire adopter une loi sans passer par le vote du Parlement].

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Stéphane Sirot alerte sur l'utilisation de ce dispositif qui peut être une "arme à double tranchant", selon lui. "Ça peut casser une grève, mais ça peut aussi tendre la situation, voire convaincre ceux qui n'étaient pas dans le mouvement", explique l'historien spécialiste des grèves et du syndicalisme. Il cite ainsi l'exemple de la raffinerie TotalEnergies de Donges (Loire-Atlantique) qui a rejoint le mouvement de grève mercredi "après l'annonce des premières réquisitions".

La pression sur les grévistes "plus forte" que celle sur la direction

"Dès lors que le gouvernement use de la réquisition, il est évident que de fait il paraît pencher du côté de l'entreprise plutôt que du côté des syndicats et des grévistes", juge Stéphane Sirot. Pour cet historien, dans ce conflit social entre les directions de TotalEnergies et Esso-ExxonMobil, d'un côté, et les syndicats de l'autre, "on peut avoir l'impression que la pression sur les uns est plus forte que celle qui est exercée sur les autres".

"Quand [le ministre de l'Économie] Bruno Le Maire évoque le fait que Total peut faire mieux, la question est de savoir quel est concrètement le moyen de pression qu'il met sur Total, au-delà des mots et des paroles", s'interroge-t-il. Stéphane Sirot rappelle notamment que "Bruno Le Maire s'est refusé pendant très longtemps à considérer les superprofits et à les taxer".

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