Cet article date de plus de deux ans.

Baisse de 18 centimes du prix de l'essence : la Fédération française des combustibles regrette l'"effet pervers" du dispositif pour "20% des stations-service"

Attendue dès le 1er avril, la ristourne annoncée par l'Etat ne sera toutefois pas appliquée à toutes les pompes en raison d'une question logistique. Frédéric Plan, délégué général de la Fédération française des combustibles, soulève le problème sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une station-service à Saint-André-de-Cubzac (Gironde), où le prix du litre de gazole a atteint 2,28 euros, le 9 mars 2022. (BASTIEN MARIE / HANS LUCAS)

Frédéric Plan, délégué général de la Fédération française des combustibles, a regretté ce mardi sur franceinfo "l’effet pervers" du dispositif de remise de 18 centimes par litre d’essence appliquée à partir de vendredi pour compenser la hausse des prix du carburant. Cela "met en difficulté concurrentielle" les "stations-service indépendantes" en zone rurale, affirme-t-il. En effet, l’État a accordé la ristourne aux raffineurs au début de le chaîne pétrolière. Elle sera répercutée en cascade jusqu’aux stations-service en fin de chaîne. Mais seules les grosses stations qui renouvellent leurs stocks quasi quotidiennement pourront appliquer la baisse tarifaire dès le 1er avril. Les autres, qui réapprovisionnent leurs cuves toutes les deux ou trois semaines, devront attendre plusieurs jours. "C’est à peu près 20% des stations-service", indique-t-il.

franceinfo : Comment expliquez que certaines stations-service ne proposeront pas la baisse de 18 centimes dès vendredi ?

Frédéric Plan : L'annonce de l’État a été faite il y a quelques semaines. Le décret est paru samedi dernier seulement pour une mise en œuvre vendredi. La mécanique retenue, au final, consiste à réduire le prix des fournisseurs en amont de la chaîne pétrolière, c'est-à-dire des pétroliers. Et cette réduction de prix descend en cascade jusqu'au consommateur final, en passant bien entendu par les stations-service. Encore faut-il que toutes ces stations-service se réapprovisionnent au prix remisé pour être prêtes au 1er avril. Techniquement, même si tout le monde fait ses meilleurs efforts, ce n'est pas possible. Certaines stations-service appliqueront la réduction dans les jours suivants le 1er avril. C’est à peu près 20% des stations-service.

   

Il faut que ces stations-service vident leurs cuves avant d’appliquer cette baisse ?

Les stations importantes, autoroutières, de très grandes nationales, les hypermarchés ont des débits relativement rapides et le renouvellement de leurs stocks se fait parfois tous les jours ou tous les deux jours, donc la rotation est rapide. À l'inverse, pour les stations de caractéristiques rurales, qui apportent un vrai service aux habitants, leur rotation de stocks, parce qu'elles ont moins de clients est beaucoup plus faible, une semaine ou deux semaines. Pour les toutes petites stations-service, l’État a quand même consenti non pas une aide financière, mais une avance financière, c'est-à-dire leur permettant d'appliquer les 18 centimes dès le 1er avril, malgré le fait que leurs stocks en cuves n'étaient pas au bon prix. Mais il y a un trou dans la raquette, c'est-à-dire qu’entre les toutes petites et les très grandes, vous avez tout un tas de stations intermédiaires, environ 2 000, qui ne pourront pas faire l'avance de trésorerie. Il ne faut pas que le consommateur s'inquiète. Elles vont le faire. Elles attendent simplement la rotation de leurs stocks.

C’est problématique pour ces stations de voir leurs clients partir ailleurs chercher le meilleur prix ?

Oui, c'est très embêtant. C’est un effet presque pervers du dispositif. Aucun dispositif ne peut être parfait, mais le défaut de celui-ci, c'est qu'effectivement, il met en difficulté concurrentielle ces stations-service indépendantes dans un contexte où, depuis plus de trois semaines maintenant, les prix n’arrêtent pas d’augmenter considérablement, de baisser. Un yoyo qui fait que les prix d'affichage sont devenus un peu fous et très élevés et donc le consommateur cherche le meilleur prix. Et ça, c'est très mauvais pour la situation économique de ces entreprises.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.