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"Gilets jaunes" : la pétition en ligne, outil incontournable de la contestation 2.0

La colère s'exprime régulièrement sous forme de pétition en ligne, un outil de plus en plus pris au sérieux par les politiques.

Article rédigé par franceinfo - Laura Lavenne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
La pétition qui a précédé le mouvement des "gilets jaunes" a récolté plus de 1,2 million de signatures sur le site Change.org. (CAPTURE D'ÉCRAN / CHANGE.ORG)

Alors que depuis trois mois la mobilisation des "gilets jaunes" persiste, la colère ne s'exprime pas que dans la rue mais aussi sur internet. La pétition en ligne est devenue un outil incontournable, de plus en plus pris au sérieux par les décideurs politiques. Samedi 16 février, la plateforme Change.org organisait, dans ses locaux à Paris, un atelier privé sur le succès des pétitions en ligne. C'est sur cette plateforme que Priscillia Ludosky, l'une des figures des "gilets jaunes", avait lancé - avant même le début du mouvement - sa pétition Pour une baisse des prix du carburant à la pompe, signée par plus de 1 200 000 personnes. Le président Emmanuel Macron avait d'ailleurs répondu sur la plateforme. "C'est la première fois qu'un chef d'État répond à une pétition", affirme la directrice de Change.org France, Sarah Durieux.

Une "prise de conscience politique"

La photo de Priscillia Ludosky, visage grave et bras croisés, est affichée dans les locaux du site. Elle est désormais le symbole d'une pétition réussie. Cette simple citoyenne est parvenue à féderer les foules et à se faire entendre sur Change.org. "J'imaginais qu'il y avait un malaise, beaucoup de gens qui en ont marre de leur situation, qui n'en peuvent plus, se sentent mis à l'écart ou méprisés, explique Priscillia Ludosky, mais de là à ce qu'on passe le pas de manifester (...), non, je n'imaginais pas. Mais c'est inquiétant, ça confirme qu'il y a quelque chose qui ne va pas". "Au-delà du thème qui nous intéresse qui est la question de la taxe sur le carburant, il y a une prise de conscience politique qu'on ne peut pas ignorer", assure Sarah Durieux. 

On ne veut pas la dictature de la pétition, mais peut-être qu'elle prend vraiment sa place dans les arbitrages que peut faire le chef de l'État

Sarah Durieux

à franceinfo

Les membres du gouvernement, cibles les plus fréquentes

Le chef de l'État, Édouard Philippe mais aussi certains ministres ont créé leur profil sur la plateforme Change.org : et pour cause les membres du gouvernement sont les cibles les plus fréquentes des pétitionnaires.

En plein atelier coaching dans les locaux du site, Jean-François, 44 ans, s'apprête justement à lancer sa pétition. "Aujourd'hui j'ai mes deux bras, mes deux jambes, une tête qui fonctionne normalement. Je peux peut-être faire quelque chose pour aider ceux qui n'ont pas la possibilité de s'exprimer", espère le quadragénaire. Son combat à lui, ce sont les violences dont souffrent les enfants placés. Une pétition qui viendra s'ajouter aux 200 autres, lancées chaque jour sur la plateforme française de Change.org.

En sept ans, le nombre de pétitionnaires a triplé tout comme le nombre de signataires. La plateforme est passée de 60 000 à 12 millions d'utilisateurs. Un outil parfois contesté. Certains s'interrogent : et si la signature ne correspondait pas à une vraie personne ? 

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