Remise de 20 centimes de Total : un risque de "perte d'emplois" pour les concurrents, selon le représentant de 5 800 stations
Selon Francis Pousse, "aujourd'hui le réseau en France est organisé de telle façon qu'il n'y a que Total qui puisse faire cette remise", car la marque française "maîtrise toute la chaîne, importe du pétrole, raffine du pétrole, distribue du pétrole".
La remise de 20 centimes par litre à la pompe annoncée par TotalEnergies risque de provoquer "la fermeture de stations-service [concurrentes] avec bien évidemment des pertes d'emplois", s'est inquiété mardi 26 juillet sur franceinfo Francis Pousse, président de la branche des stations-service et énergies nouvelles de Mobilians, représentant 5 800 stations-service en France. "Il n'y a que Total qui puisse faire cette remise", estime-t-il, craignant que la clientèle ne déserte les autres stations notamment en zones rurales.
franceinfo : Pourquoi voyez-vous d'un mauvais œil cette remise à la pompe de 20 centimes par litre annoncée par Total ?
Francis Pousse : En préambule, j'ai envie de dire que ce qui peut permettre un meilleur accès aux carburants, surtout en ce moment, je suis forcément pour. À l'inverse, l'ensemble des stations-service des autres réseaux ne pourront pas appliquer cette remise de 20 centimes parce qu'aujourd'hui le réseau en France est organisé de telle façon qu'il n'y a que Total qui puisse faire cette remise. Je crains beaucoup pour leur perte de chiffre d'affaires à la rentrée puisque bien évidemment, avec un différentiel de 20 centimes, ça va être très compliqué.
Pourquoi seul Total peut pratiquer cette remise ? Ce sont les seuls à avoir des marges suffisantes ?
Total est une marque française et maîtrise toute la chaîne, importe du pétrole, raffine du pétrole, distribue du pétrole. Les autres présents sur le secteur français, par exemple Esso ou BP, sont des grossistes qui n'ont pas du tout les moyens pour faire cette remise de 20 centimes. Ces stations-service, souvent en zone rurale, achètent sur un marché où cette remise de 20 centimes supplémentaire ne sera pas présente. Total a négocié ce geste avec le gouvernement. Le problème, c'est les autres. Nous sommes en train de nous battre depuis plusieurs années pour sauver en particulier les stations périurbaines et là c'est un coup dur parce que pendant 4 mois, et on ne peut pas le reprocher aux consommateurs, les ventes vont être en berne. On va avoir des fermetures de points de vente avec bien évidemment des pertes d'emplois, mais surtout un problème d'accès aux énergies. Même si nous devons aller de plus en plus vers des véhicules électriques, il vous faudra encore, en particulier en zone rurale, du pétrole, du gasoil, de l'essence, jusque dans les années 2050. Donc, si on précipite la mort de ces stations, comment va-t-on s'approvisionner en zone rurale d'ici quelques années ? Ça va être un vrai problème.
Mais alors, qu'est-ce que vous réclamez ? Il faudrait une aide spécifique, mais qui exclurait Total ? N'est-ce pas compliqué à mettre en place ?
Je pense qu'effectivement, légalement, c'est compliqué à mettre en place. C'est l'occasion certainement de remettre sur le bureau un dossier qu'on revendique depuis plusieurs années, à savoir la remise en place d'un fonds d'aide structurel aux stations-service pour les aider à se diversifier dans les nouvelles énergies. Nous aurons besoin d'électrique, en particulier de bornes rapides un peu partout. Il n'y a pas que sur autoroute qu'il faudra pouvoir recharger votre voiture en moins de temps possible. Et puis, il faut une aide à la modernisation économique, à l'instar de ce qu'on a un peu fait d'ailleurs pour les bureaux de tabac pendant des années, pour aider les stations-service à faire une mutation dans diverses offres, pour que l'ensemble du point de vente soit rentable.
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