Cet article date de plus de dix ans.

SNCF : les trains Intercités sur une voie de garage ?

L'organisation de voyageurs, la FNAUT, interpelle l'Etat et la SNCF sur l'avenir de ces trains qui desservent les villes où ne passe pas le TGV. La Fédération nationale des associations d'usagers des transports dénonce des fermetures de ligne, ainsi qu'une baisse du nombre de trains : moins 10 % en quatre ans, affirme-t-elle.
Article rédigé par Florent Guyotat
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Selon la FNAUT, le nombre de trains intercités a chuté de 10%. © Christophe Morin / IP3 / MAXPPP)

Les rames Intercités sont à mi-chemin entre les trains régionaux  et les TGV. Ce sont les anciens Corail, dont on se moque parfois en disant qu'ils sont trop lents et trop vieux. Des trains toutefois très utiles aux voyageurs qui n'ont pas la chance d'avoir une ligne à grande vitesse qui passe par chez eux. L’an dernier, le gouvernement avait reconnu que comme on n’avait pas les moyens de faire du TGV partout, il fallait rénover et renforcer le réseau classique des Intercités.

10% de trains Intercités en moins (FNAUT)

 

Mais à en croire Jean Sivardière, le président de la FNAUT, la Fédération des associations d'usagers des transports, cette volonté affichée de relancer les trains Intercités ne se traduit pas, dans les faits : "Depuis la fin de l’année 2010, nous constatons que l’offre s’est fortement réduite, d’environ 10 %. C’est le pourcentage du nombre de trains qui ont disparu, ce qui montre bien que la SNCF n’est pas intéressée par ce service. Ces trains sont mal exploités. Les horaires sont souvent mal choisis. Il n’y a quasiment plus de restauration (…). L’ensemble de l’exploitation est à revoir."

►►► A ECOUTER :

La Fédération nationale des associations d'usagers des transports dénonce des fermetures de lignes Intercités. Son président, Jean Sivardière.

 

Cette organisation de voyageurs cite l’exemple de la liaison Limoges-Lyon. Sylvain Guyot est universitaire, usager du train. Il déplore la suspension de la ligne directe entre les deux villes. Elle n’a pas rouvert malgré la fin des travaux de rénovation. Il affirme avoir rassemblé plus de 8.500 signatures sur une pétition qui dénonce les difficultés actuelles pour les usagers : "Aujourd’hui pour aller de Limoges à Lyon, on vous propose de prendre trois TER. On met une heure et quart de plus qu’avant. Pour faire comme si la ligne existait toujours, la SNCF a mis en place, l’après-midi, un service d’autocars. Et là vous mettez un petit peu moins de sept heures pour faire le trajet."

Nouvelles rames l'an prochain

 

Pour répondre aux témoignages ci-dessus, France Info a sollicité Alain Le Vern, le directeur général des trains Intercités. D'abord interrogé sur la baisse de 10 % du nombre de trains dont parle la Fédération des associations d’usagers des transports, voici son commentaire : "Ce chiffre est approximatif et ce n’est pas du tout ce que je constate moi-même. Il y a des trains qui ont été ajoutés parce qu’il y avait beaucoup de voyageurs. D’autres ont été supprimés, tout simplement pour faire des travaux sur les voies. Pour que les trains puissent rouler vite, il faut de la sécurité."

"Si on veut qu'ils soient rapides, il ne faut pas non plus nous demander qu'ils s'arrêtent tous les 15 km"

Au sujet d’une éventuelle réouverture de la ligne directe Limoges-Lyon, le patron des trains Intercités ajoute : *"Ce sont des sujets que nous sommes en train d’analyser. Simplement, il y a des endroits où un mode de passage sur route est plus pertinent que de mettre un train, parce qu’il n’y a pas assez de voyageurs pour mettre un train. A l’opposé, il y a d’autres trains Intercités en zone dense qui desservent la Picardie, le Centre, la Normandie. L’ambition de la SNCF, c’est de créer des trains plus rapides, avec des pointes à 200 km/h, mais si on veut qu’ils soient rapides, il ne faut pas non plus nous demander qu’ils s’arrêtent tous les 15 kilomètres, nous devons desservir les pôles où il y a beaucoup de voyageurs, en complémentarité avec les TER." 

►►►* A ECOUTER :

Alain Le Vern, directeur des trains Intercités, juge les chiffres de la FNAUT approximatifs.

La SNCF promet que ces nouvelles rames commandées à Alstom commenceront à circuler dès l'an prochain. Mais on l'a compris il y a aussi un problème de rentabilité. Faute d'un nombre suffisant de passagers, la compagnie ferroviaire ne gagne pas d'argent sur la plupart des lignes Intercités, et elle doit demander l'aide de l'Etat pour combler le déficit.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.