"On nous annonce plus de 20 heures de retard !" : la galère interminable de milliers de passagers de TGV dans le Sud-Ouest
Une dizaine de TGV ont été bloqués entre Dax et Bordeaux dans la nuit du dimanche 30 août au lundi 31 août en raison d'une série de pannes liée à l'alimentation électrique. 5 000 voyageurs ont été concernés.
Une dizaine de TGV ont été bloqués entre Dax et Bordeaux depuis dimanche 30 août en raison d'une série de pannes liée à l'alimentation électrique. De nombreux autres trains sont arrivés en retard ou ont dû faire marche arrière. "On nous annonce une arrivée sur Paris à 9h13 donc avec près de 20 heures de retard sur l'horaire initial. J'espère qu'au moins on va battre un record", a raconté à franceinfo Grégory, un passager d'un TGV encore bloqué sur les voies entre Dax et Bordeaux, lundi matin.
1h15 du matin. Toujours dans le train coincé en pleine voie. Départ de Biarritz à 15h55. Je vais passer toute la nuit avec ma femme et mon fils de 2 ans sans distribution d'eau et nourriture.
— GEN1US (@NormanGenius) August 30, 2020
Voilà où dort mon fils en plein covid
Bravo @SNCF @ouisncf pic.twitter.com/AyS8mTHDJu
"C'était l'enfer : plus de PQ, pas de bouffe, seulement une petite bouteille d'eau, il faisait chaud avec les masques et puis ils nous retenaient à bord alors qu'ils auraient pu nous faire sortir", a témoigné Marjolaine, passagère d'un TGV Inoui qui était parti de Bayonne dimanche à 19h30 avec, déjà, trois heures et demie de retard.
On ne savait pas si on allait d'abord mourir de faim, de soif, de Covid ou de manque d'hygiène
Marjolaine, une passagèreà franceinfo
Le train de Marjolaine à destination de Paris s'est arrêté plusieurs fois en route et a finalement fait marche-arrière pour ramener les passagers à Biarritz vers 3 heures du matin. "On n'avait pas d'info et on n'a pas eu de panier repas, tout avait été distribué au train d'avant, déjà en galère", s'énerve Marjolaine qui dit qu'elle ne prendra "plus jamais" le train sur le trajet entre Paris et Bayonne qu'elle effectue régulièrement.
>> Ce que l'on sait de la nuit de galères des voyageurs de la SNCF coincés entre Hendaye et Paris
Des passagers du TGV 8538 étaient toujours bloqués sur les voies dans les Landes lundi matin, a appris franceinfo auprès de la SNCF et de plusieurs passagers. Les voyageurs, partis d’Hendaye pour normalement arriver à Paris dimanche à 16h20, ont été bloqués toute la nuit, d’abord à Morcenx puis Ychoux, 50 km plus loin, dans les Landes. Les pompiers ont dû intervenir pour plusieurs malaises. A bord du TGV 8538, Laure témoigne de l'exaspération des passagers. "Les gens au bout de six heures ont commencé à être vraiment très agacés. On ne comprend pas que ces caténaires ne puissent pas être réparées. Surtout la veille d'une rentrée !"
C'est inadmissible, surtout en pleine crise de Covid. Ils peuvent se douter qu'un arrêt prolongé, c'est ingérable, avec les masques, avec les gens enfermés, sans distanciation sociale possible.
Laure, passagère du TGV 8538à franceinfo
Des cars devaient être affrétés lundi matin pour acheminer des voyageurs toujours bloqués jusqu'à Bordeaux, a indiqué la SNCF à franceinfo. Une fois à Bordeaux, les nombreux passagers devaient ensuite être transportés à Paris en TGV. Isabelle revient d'un pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle. Son train était parti d'Hendaye dimanche à 9h27. En fin de matinée elle était toujours coincée à Bordeaux. "Les annonces qu'on a sont vraiment succinctes... Il y a des causes d'arrêt, mais qui changent à chaque fois ! Et là, on nous annonce que la voiture bar est vide, ce n'est pas la peine d'y aller, point barre."
Plusieurs milliers de passagers naufraIlgés de la @SNCF depuis ce midi sur la ligne Biarritz - Bordeaux suite à des arrachages de caténaires en série pic.twitter.com/wowE2rEQ2m
— Serge SLAMA (@combatsdh) August 30, 2020
"On est résignés. De toute façon, on ne peut rien faire. Et fatigués, c'est surtout ça, quoi, résume un autre passager, lui aussi encore en gare de Bordeaux. On n'arrive même plus à calculer le nombre d'heures de retard... On espère que le dernier tronçon, le Bordeaux-Paris, va se faire à vitesse TGV..." Il reste épaté par la réaction de ses voisins d'infortune. "Les gens sont plutôt résignés, ils sont patients, très patients, ils sont bien sages... On écoute tout ce qu'on nous dit. Il n'y a pas eu de gros scandale, alors qu'il y avait quand même des familles, il y avait deux mères de famille avec des enfants en bas âge, ma voisine a 93 ans... C'est vraiment pas facile de passer une nuit dans un TGV, de changer de train dans la nuit."
60 km de voies endommagées
"On a eu une succession d'événements exceptionnels", a expliqué lundi 31 août en fin de matinée Jean-Luc Gary, directeur territorial SCNF Réseau en Nouvelle-Aquitaine, lors d'une conférence de presse. Des pannes de caténaires en série dans le Sud-Ouest ont provoqué une réaction en chaîne, avec des embouteillages et des retards pour une dizaine de TGV et de nombreux autres trains, entre dimanche 30 août et lundi 31 août. "On pense d'abord aux voyageurs. Une enquête est en cours pour savoir ce qui s'est passé", a ajouté Jean-Luc Gary.
"Les voies, en l'état des connaissances, pourraient rouvrir mardi matin mais les travaux à faire sont conséquents, on a plus 60 km de voies endommagées au niveau des caténaires", a expliqué Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué chargé des Transports. Lundi matin, la SNCF avait annoncé l'interruption du trafic "sur la ligne Bordeaux-Hendaye et Bordeaux-Tarbes jusqu'à 19h".
Voyage remboursé et billets gratuits
Lundi, en fin de matinée, le directeur de crise à la SNCF Jérôme Attou a évoqué le mode de remboursement pour les voyageurs. "Nous allons rembourser le billet, et les voyageurs auront deux billets gratuits". Jérôme Attou a également évoqué la "prise en charge totale des frais annexes" des voyageurs, comme par exemple les frais éventuels d'hôtels. Plus tôt dans la matinée, Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué chargé des transports, avait évoqué un remboursement à hauteur de "300% du billet".
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