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Grève SNCF : "Ce n'est pas l'augmentation des salaires qui va déséquilibrer l'ensemble de la SNCF", tempère une économiste à propos du coût de la grève

La direction de la SNCF et les syndicats sont parvenus à un accord qui permet la levée du préavis de grève pour le week-end de la Saint-Sylvestre.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des contôleurs et des voyageurs sur un quai de la gare de Rennes, le 16 décembre 2022. (MARC OLLIVIER / MAXPPP)

Pour Patricia Perennes, économiste spécialiste du transport ferroviaire, "ce n'est pas l'augmentation des salaires qui va déséquilibrer l'ensemble de la SNCF" surtout "si ça se limite à cette masse salariale là puisque c'est la demande d'une profession en particulier : les contrôleurs". Elle réagissait à l'accord trouvé vendredi 23 décembre entre la direction et les syndicats en grève et qui permet la levée des préavis à l'approche du Nouvel An. La SNCF a accepté la création d'une direction des chefs de bord pour suivre leur carrière, une hausse de la prime spécifique de 600 à 720 euros et l'embauche de 200 contrôleurs supplémentaires l'an prochain. Selon l'économiste, l'entreprise "n'avait pas le choix" puisqu'elle a "besoin de main d'oeuvre".

franceinfo : Combien vont coûter toutes ces mesures ?

Patricia Perennes : Ce qui va surtout coûter cher à la SNCF - plus que les augmentations - c'est le coût immédiat de la grève évoqué par l'entreprise : plusieurs dizaines de millions d'euros de pertes du fait du mouvement et de la perte du prix des billets. Les augmentations de salaire, c'est difficile d'en estimer le coût. Sur un train, ce n'est pas le contrôleur qui coûte si cher que ça, en proportion c'est vraiment infime par rapport au matériel roulant ou à l'énergie. Ce n'est donc pas l'augmentation des salaires qui va déséquilibrer l'ensemble de la SNCF surtout si ça se limite à cette masse salariale là puisque c'est vraiment la demande d'une profession en particulier - les contrôleurs - et pas celle de l'ensemble de la masse salariale. Si ça se limite à cette masse salariale là, l'enjeu n'est pas si énorme que cela pour la SNCF.

La SNCF a perdu 3 milliards d'euros en 2020 à cause du Covid, dans ce contexte, pourquoi l'entreprise accepte-t-elle de payer ?

Le gros problème aujourd'hui à la SNCF, c'est le recrutement de la main d'oeuvre. Il y a donc un risque, s'il n'y a pas d'augmentation des salaires en général dans la profession, que les gens partent. Si l'entreprise n'accepte pas ça alors qu'elle n'arrive déjà par à recruter, il ne faudrait pas en plus qu'elle perde ses salariés. Elle accepte parce qu'elle n'a pas le choix. Elle a besoin de main d'oeuvre pour faire tourner les trains.

On note également que le gouvernement tente aussi de convaincre les Français de prendre le train au lieu de l'avion pour des questions écologiques

Que ce soit cet été où là, pour Noël, il y a un grand succès du train. Les billets étaient presque tous partis et tous les trains étaient pleins parce qu'il y a un retour des Français vers ce mode de transport. C'est vrai que dans ce cas-là, la grève fait très mal parce que les gens qui avaient basculé vers le train cette année ne le referont peut-être pas l'année prochaine. C'est un risque. On sentait que la direction et les syndicats étaient gênés vis-à-vis de cette grève qui était en dehors des cadres habituels et qui n'est pas du tout populaire dans l'opinion.

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