Les billets gratuits des cheminots sur la sellette : "Ça suffit ! Pourquoi tant de provocation?", s'insurge un syndicat
Alors que le débat sur les billets de train gratuits pour les cheminots fait son retour, le secrétaire général de la Fédération indépendante du rail et des syndicats des transports Bernard Aubin parle d'une "provocation".
"Ça suffit ! Pourquoi tant de provocation?" s'est insurgé ce mardi sur franceinfo Bernard Aubin, secrétaire général de la Fédération indépendante du rail et des syndicats des transports (FiRST), alors que le débat sur les facilités de circulation des cheminots de la SNCF refait surface. Les salariés du groupe et leurs familles bénéficient de billets de train gratuits. À l'aube de l'ouverture à la concurrence du rail, cet avantage pourrait être remis en question par le gouvernement. Selon lui, "c'est vraiment le pire moment pour jeter de l'huile sur le feu".
franceinfo : Comment expliquez-vous que le sujet revienne sur la table ?
Bernard Aubin : Il y a forcément une stratégie ou c'est de la provocation pure parce qu'on ne voit pas dans le cadre d'une élection présidentielle ou du moins de la campagne, l’objectif que pourrait avoir ce genre de démarche. Il y a effectivement des débats qui ont été lancés de longue date : les facilités de circulation, une gratuité qui n'en est pas vraiment une.
"C'est un serpent de mer. La Cour des comptes a déjà établi un certain nombre de rapports là-dessus. Pourquoi revenir maintenant en plein dans la campagne ?"
Bernard Aubin, secrétaire général de FiRSTà franceinfo
Je ne vois vraiment pas l'intérêt, sauf si c'est à provoquer des salariés qui, je le rappelle, font partie de l'entreprise qui a été éclatée par une réforme menée par le même gouvernement. En 2020, ll n'y a plus la SNCF, mais les SNCF qui sont devenues des sociétés anonymes. Le statut des cheminots a disparu dans le sens où les nouveaux cheminots ne sont plus embauchés au statut, mais selon une convention collective qui est commune à l'ensemble des entreprises ferroviaires. Et maintenant, on veut continuer à écrémer, à toucher à ces avantages qui sont moindres et qui coûtent certainement bien moins cher que les chiffres annoncés par la Cour des comptes.
Selon vous, il ne faut pas toucher à ces facilités ?
Je prendrai l'image des balances de nos ancêtres. D'un côté, ils mettaient des victuailles, de l'autre côté des poids, puis on cherchait à trouver un équilibre. D'un côté, il y a une charge de travail à la SNCF comme dans tout autre métier. De l'autre côté, il peut y avoir une rémunération élevée ou qui est plus faible, des avantages sociaux, un régime de retraite particulier. Et tout cela, ça forme un équilibre différent selon une entreprise ou une autre. Si vous enlevez les facilités de circulation ou alors le régime spécial de retraite, il n'a plus la même compensation, il n'y a plus le même équilibre. Cela fait partie d'un tout.
Donc si on touche aux facilités de circulation, il faut discuter des salaires ?
Dans ce cas-là, on discute de tout, mais on ne se contente pas de raboter d'un côté, ce qui est considéré comme des avantages qui ne sont qu'une compensation autre qu'une rémunération. Et puis, d'un autre côté, les cheminots en sont pour leur grade. Je rappelle aussi qu'en termes de salaires, les augmentations de ces derniers temps, on les attend encore.
Le sujet va revenir après la présidentielle ?
Cela revient depuis des années. Il y a des serpents de mer comme les dessertes TGV, ce qu'on doit desservir, des petites villes, des grandes villes, etc. On nous relance le sujet en permanence et on maintient le statu quo. Il est d'ailleurs censé maintenir un statu quo. Je ne vois vraiment pas ce que cela apporte dans le débat actuel.
"On sort d'une période de pandémie qui elle-même a succédé à la période des Gilets jaunes où la France entière était en colère. Et c'est vraiment le pire moment pour jeter de l'huile sur le feu."
Bernard Aubin, secrétaire général de FiRSTà franceinfo
Je sais très bien que la direction de la SNCF a pour mission d'appliquer la politique qui est dirigée par le gouvernement en place. C'est la première mission d'un président de la SNCF d'appliquer la politique qui lui est assignée. Cela ne me rassure pas outre mesure. Ce qui me rassure, en revanche, c'est que les cheminots vont réagir une fois de plus pour défendre leurs droits. Et puis, ça suffit, ça suffit. Pourquoi tant de provocation? Ça ne coûte pas aussi cher qu'il n'y paraît. Il y a des gens qui, maintenant, en prenant leur billet à l'avance, payent le train presque moins cher que les cheminots avec leurs facilités de circulation.
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