Cet article date de plus de six ans.

Rapport Spinetta : pour Hervé Morin la SNCF doit être "plus compétitive et plus performante"

Trois jours après la remise du rapport Spinetta sur la SNCF, le président des régions de France, Hervé Morin a estimé que l'avenir du ferroviaire passe "par l'ouverture à la concurrence".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Hervé Morin, à Caen (Calvados), le 31 mai 2017. (AFP)

La SNCF doit assurer "une qualité de service qui soit digne" a exigé dimanche 18 février sur franceinfo Hervé Morin. Le président de la région Normandie et président de l'association des Régions de France a réagi aux 43 propositions formulées dans le rapport Spinetta pour redresser le transport ferroviaire. La ministre des Transports Elisabeth Borne a confirmé, dans le Journal du Dimanche, qu'il est "urgent d'agir" et que le "statut quo n'est pas possible". Des discussions commencent lundi avec les syndicats mais aussi les élus locaux. Hervé Morin souhaite que la SNCF doit être "plus compétitive" et que celà passe "par l'ouverture à la concurrence".

franceinfo : Avec quel état d'esprit les élus abordent-ils ces discussions avec le ministère des Transports ?

Hervé Morin : J'ai rencontré Elisabeth Borne à deux reprises. La question ne se pose pas simplement sur la question des "petites lignes" qui est un qualificatif extrêmement mal choisi. Pour vous donner une idée, est qualifiée de "petite ligne" une partie de la ligne entre Paris et Granville par exemple ou entre Alençon et Le Mans. Ce sont des lignes qui ont, en termes d'aménagement du territoire, des rôles absolument considérables. On ne peut pas considérer que c'est simplement parce qu'il y aurait que 2% de nos compatriotes qui seraient transportés, que l'on devrait les fermer. On oublie qu'il y a pour ces zones rurales, un moyen de transport absolument stratégique qui est le ferroviaire.

Vous n'êtes pas prêt à abandonner ces petites lignes même si elles sont jugées non rentables ?

Il n'y a aucune ligne de rentable. Quand vous payez un billet de train, votre billet de train est très largement subventionné dans tous les cas de figure. La question ne se pose pas en ces termes. Elle se pose d'une part sur la réforme de la SNCF. Lorsque l'on a un kilomètre ferroviaire qui est au minimum de 50% supérieur au kilomètre ferroviaire en Allemagne, il est évident qu'on consacre, nous régions, des sommes absolument considérables pour maintenir des lignes et pas simplement des lignes secondaires, des lignes importantes. La question est de faire en sorte que la SNCF soit plus compétitive et plus performante et qu'elle assure une qualité de service qui soit digne. Je prends l'exemple des trains Intercités entre Paris et la Normandie. Une fois sur deux il n'y a pas d'eau dans les toilettes, les toilettes sont fermées, les compositions de train sont inexactes et les trains ne sont jamais à l'heure. C'est la situation du ferroviaire sur la plupart des trains hors TGV. La priorité est d'améliorer la qualité et faire en sorte que ce soit à des coûts comparables à ce qui existe en Europe. On sait que pour cela il faut l'ouverture à la concurrence. La question est donc de savoir si le gouvernement aura le courage d'amener l'ouverture à la concurrence dans des conditions où le ferroviaire français est comparable au ferroviaire européen. Si on est capable de faire cela, ça veut dire que ca va nous coûter beaucoup moins cher et que l'on sera capable d'investir dans l'amélioration du ferroviaire. Je rappelle que s'il est dans cet état c'est parce que l'Etat l'a abandonné depuis 20 ans.

Elisabeth Borne promet 1,5 milliard d'euros pour la remise à niveau de ces "petites lignes". Est-ce que cela vous rassure ?

L'idée qu'il faudrait tout transférer aux régions est inacceptable. On ne peut pas dire à la fois aux régions de réduire leur niveau de dépenses et en même temps transférer des lignes qui sont dans cet état parce qu'elles ont été abandonnées par les pouvoirs publics. En clair, ce n'est pas nous qui allons à la fois rénover et décider de fermer parce que l'on aura pas eu les moyens de le faire alors que c'est l'Etat qui a mis le ferroviaire dans cette situation. Il faut qu'il y a ait une analyse au cas par cas. Aujourd'hui on fait évoluer les mobilités. On utilise de plus en plus l'intermodalité. On va mettre des bus là il nous paraît plus pertinent de mettre des bus ou des autocars que du train. Tout ça on le fait mais ça nécessite des analyses précises des flux concernés. Il y a aussi l'acceptabilité sociale des choses. L'acceptabilité des maires, des élus, des parlementaires qui font de la démagogie à bon compte en réclamant le maintien de telle ou telle gare ou telle ou telle ligne même s'il n'y a plus de passagers.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.