: Vidéo Vers une nouvelle taxe sur les autoroutes : "Une répercussion tarifaire qui pèsera nécessairement sur l'usager", prévient Vinci Autoroutes
"Augmenter la taxe sur les autoroutes, c'est une répercussion tarifaire qui pèsera nécessairement sur l'usager", prévient mercredi 15 novembre sur franceinfo Pierre Coppey, directeur général adjoint de Vinci, et président de Vinci Autoroutes. Vinci assure que les péages autoroutiers augmenteront de 5% en France si le gouvernement instaure une taxe sur les concessions d'autoroutes, prévue dans le projet de budget 2024. Avec cet impôt sur "les infrastructures de transport de longue distance", décidé par Bercy au nom de la transition écologique, le ministre de l'Économie Bruno le Maire espère collecter 600 millions d'euros par an dès 2024, dont trois-quarts des recettes viendraient du secteur routier, et un quart de l'aérien.
Si les usagers venaient à payer 5% de plus leur ticket de péage, Pierre Coppey assure qu'il serait "le premier à le regretter", étant donné qu'ils sont "déjà suffisamment mis à contribution". Cependant, le directeur général adjoint de Vinci tient à rappeler que "les sociétés concessionnaires d'autoroutes investissent pour le compte de l'État", sur "des contrats longs : on calcule pour une concession un équilibre économique avec des investissements et des charges d'un côté, et de l'autre des compensations tarifaires". Pierre Coppey explique ainsi que dans le monde des concessions d'autoroutes, "on investit des montants considérables au début", avant, dans la deuxième partie de la concession, de rembourser ces investissements "par les profits". Dès lors, souligne-t-il, "ce ne sont pas des profits qui rémunèrent du capital, ce sont des profits qui remboursent les investissements".
Une taxe qui aura des répercussions sur les investissements
Or, la taxe, telle qu'elle est prévue dans le projet de budget pour 2024, "fait peser 4,6% de prélèvements sur le chiffre d'affaires des sociétés concessionnaires d'autoroutes", soit "300 millions d'euros pour Vinci Autoroutes", déclare Pierre Coppey. "300 millions sur 2 milliards d'euros, ça déséquilibre l'équilibre tel qu'il a été calculé dans le cadre de la négociation contractuelle", prévient le dirigeant. Il ajoute que ces négociations sont "très serrées : chaque point est pesé, puis ensuite vérifié par une autorité administrative indépendante, l'Autorité de régulation des transports, puis tout ça est validé par le Conseil d'État et ensuite sanctuarisé dans un contrat qui prévoit que la fiscalité spécifique est compensée, sinon ça ne sert à rien". D'ailleurs, affirme Pierre Coppey, "l'Autorité de régulation des transports a dit en 2020 et en juin 2023 que la rentabilité des concessions était en ligne avec ce qui était prévu : certes, beaucoup de choses ont changé, mais à l'arrivée, ce qui compte, c'est l'équilibre économique et il est conforme", assure le dirigeant.
Pierre Coppey alerte sur l'impact qu'une telle taxe sur les concessions d'autoroutes aurait sur l'investissement, qui serait, selon lui, "inévitablement" réduit, "au moment où il y a le plus besoin d'investir", notamment dans la décarbonation. Le directeur général adjoint de Vinci rappelle que "les déplacements automobiles représentent 90% de l'empreinte carbone des transports", et que, "même en doublant la part modale du chemin de fer, même en doublant le nombre de trains, on arrivera toujours à avoir 80% des déplacements sur la route". À son sens, la taxe en question est un "contre-sens, parce qu'il faut investir aujourd'hui dans la décarbonation de la route en déployant des bornes de recharge électrique, en développant l'intermodalité, en luttant contre l'auto soliste [l'inverse du covoiturage], en faisant des infrastructures intermodales qui permettent un usage plus intensif et moins carboné de la route".
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