Zéro émission nette de CO2 en 2050 : pour l'atteindre, "les prix des billets d'avion vont demeurer élevés", prévient ADP
"Les prix des billets d'avion vont demeurer élevés, notamment parce qu'il faut absolument atteindre le niveau zéro en 2050", explique jeudi 26 octobre sur France Inter Augustin de Romanet, président-directeur général d'Aéroports de Paris. 193 États de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), se sont fixés l'ambitieux objectif d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. "Pour cela, il faut acheter des nouveaux avions et avoir de nouveaux carburants", poursuit Augustin de Romanet.
Les prix des billets d'avion se sont envolés ces dernières années. La Direction de l’aviation civile indiquait en juin dernier, que les voyageurs devaient débourser en moyenne 30% de plus qu’il y a trois ans, avant la pandémie de Covid-19, pour faire un même trajet en avion. Plusieurs raisons sont avancées : la hausse du coût du kérosène, les investissements dans la décarbonation, le coût de la main d'œuvre. De nombreuses compagnies ont dû renégocier à la hausse leurs accords salariaux avec les personnels de cabines et les pilotes.
"Un effet du 'yield management'"
Augustin de Romanet avance une autre explication : "Les prix des billets d'avion ont beaucoup augmenté après le Covid, sans doute sous l'effet de ce qu'on appelle le 'yield management', un mot un peu barbare pour dire que les compagnies adaptent le prix à la demande". Le PDG d'Aéroports de Paris poursuit : après la pandémie, "l'offre d’avions était réduite puisque le trafic n'avait pas encore tout à fait repris et il y a une très forte demande". Selon son "analyse personnelle", les compagnies aériennes ont pu "faire accepter ces augmentations de prix" à leurs clients avec "facilité" et ainsi, les prix "sont demeurés sur un plateau un peu plus élevé que ce qu'elles auraient fait spontanément".
Le PDG d'Aéroports de Paris indique que le trafic aérien est "presque" revenu à son niveau d'avant-Covid. "À Orly, on est supérieur à 2019. À Charles-de-Gaulle, un peu moins parce qu'il nous manque les passagers chinois". Il tient par ailleurs à souligner que "les compagnies aériennes traditionnelles, Lufthansa, British Airways, ne gagnent pas d'argent ou très peu" contrairement aux compagnie low cost. "Donc, en ce qui nous concerne, nous aéroports, qui sommes dans l'obligation d'investir, c'est plutôt une bonne nouvelle que les compagnies aériennes recommencent à être un petit peu bénéficiaires" puisqu'elles "nous payent des redevances".
La taxe sur les grands aéroports prévue dans le projet de budget 2024 pour financer la transition écologique coûtera environ "120 millions d'euros par an" aux aéroports de Paris, estime Augustin de Romanet. Si cette mesure est adoptée, cette somme sera "en partie répercutée" sur le prix des billets d’avion. "La répercussion sur le billet d'avion est de l'ordre d'un 1,50 euro par passager en moyenne", précise-t-il.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.