Un mois après l'attentat de Nice, l'onde de choc sur le tourisme
Place Rossetti, au coeur du Vieux Nice, face à la cathédrale, une chanteuse de rue se faufile entre les terrasses. Dans son chapeau de paille, une maigre recette. Il faut dire que beaucoup de tables restent vides. Sur cette place aussi, « le » glacier de Nice. Si réputé qu'en août, d'habitude, il faut patienter avant de pouvoir s'y offrir un joli cornet. Mais cette année, pas de longue attente pour se payer une glace… Giselda Fennochio, gérante depuis 37 ans a rarement vu son chiffre d'affaire à ce point en berne : 25% de baisse. "Les gens ont peur… Je ne sais pas… , explique-t-elle. Chaque année, je ferme à deux heures du matin. Là je ferme à peine à minuit et demie… "
Enfonçons nous dans la vieille ville. Prenons une de ces petites rues étroites habituellement compliquée à emprunter en été à cause de la foule des vacanciers. Là pas de bousculade. Agnès vend des poteries provençales... Postée à l'entrée de sa boutique elle se désole : "C’est le crash total… Il n’y a pas un chat ! J’ai prévu comme tous les ans une saisonnière, je la garde bien sûr, mais ça me coûte une fortune ".
Joe la quarantaine décide tout de même de passer la porte de la boutique d'Agnès pour acheter un petite pot à lavande. Joe vient du sud de l'Angleterre. Elle promène ses deux enfants pendant que son mari fait une sortie vélo dans les collines de l'arrière-pays.
A deux pas de là sur la promenade du Paillon... Georgios et son ami Stellios venus eux d'Athènes. Jusqu'à la semaine dernière ces deux trentenaires n'avaient rien prévu de précis pour leurs vacances. Ils ont choisi de venir à Nice... presqu'un acte militant : "Un attentat peut arriver n’importer où. Nous resterons ici puis nous irons à Cannes et nous ne regrettons pas notre choix."
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Les touristes les plus fortunés sont ceux qui ont le plus annulé leurs séjours à Nice depuis le 14 juillet : Russes, Américains, Japonais notamment. Les hôteliers 3 et 4 étoiles des Alpes-Maritimes enregistrent 20 % de baisse de fréquentation. Michel Tschann possède un hôtel spa 4 étoiles à deux pas de la promenade des Anglais. Sur l'écran d'ordinateur à l'accueil... il contemple les très mauvais chiffres : "D’habitude, on est sur 80% de taux d’occupation. Là on est plutôt vers 59%. C’est inhabituel… L’attentat de Normandie a conforté l’idée chez les étrangers que la France n’arrivait pas à faire face à ces difficultés… "
Le tourisme représente 5 milliards et demi de retombées économiques
Pour essayer de rassurer et choyer sa clientèle. Cet hôtelier vient de faire installer de nouvelles caméras de vidéosurveillance dans le hall de son établissement. Il a aussi cassé ses prix. Une chambre classique à 190 euros d'habitude est à 129 cette semaine. C'est tout le secteur du tourisme sur la côte d'azur qui tente une opération séduction. Le comité régional lance un plan de résilience : 1 millions d'euros, pour notamment être représenté dans les prochains salons du tourisme un peu partout dans le monde. On estime qu'il faudra au moins un an à la Côte d'azur pour retrouver sa fréquentation touristique d'avant l'attentat. Le tourisme représente ici 5 milliards et demi de retombées économiques et fait vivre la moitié de la population locale.
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