Témoignages Violences contre la vie chère en Martinique : "La cause est noble, mais la méthode discrédite le mouvement", dénonce une habitante de Fort-de-France

Des violences urbaines ont éclaté en Martinique depuis plusieurs nuits pour protester contre la vie chère.
Article rédigé par franceinfo
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Fort-de-France, en avril 2022. (SEBASTIAN KAHNERT / DPA)

"La cause est noble, mais la méthode, ce que nous sommes en train de vivre là, discrédite le mouvement", a dénoncé mercredi 18 septembre sur franceinfo Rosette Jean-Louis, présidente du conseil citoyen du quartier Sainte-Thérèse de Fort-de-France (Martinique), un des quartiers les plus touchés par les violences urbaines depuis plusieurs nuits contre la vie chère sur l'île.

Ce lundi soir, six policiers ont été blessés par des tirs de plomb à Fort-de-France, des barrages ont été installés par des manifestants et des voitures ont été brûlées, notamment dans le quartier populaire Sainte-Thérèse, cœur des tensions depuis plusieurs jours entre des groupes de personnes et les forces de l'ordre. "Depuis jeudi dernier, tous les soirs, nous subissons ce vacarme. Et hier soir, ça a commencé à 20h10. A 5h du matin, ce n'était pas terminé ! Qu'en pensez-vous ? Nous sommes en souffrance. On subit ! Je sors de chez le médecin pour prendre des médicaments. Pour revenir chez moi, c'est l'enfer parce que toutes les rues sont encore barrées et rien n'est fait", dénonce une habitante au micro de nos confrères de Martinique la 1ère. 

"Nous avons franchi la ligne rouge"

"On brûle, on abîme les infrastructures, on met le feu. Je reçois les fumées. Quand il y a des détonations, je suis en plein dedans", témoigne Rosette Jean-Louis. "On parle de vie chère, mais il y en a qui profitent de ça pour créer le chaos", dénonce-t-elle. Selon une étude de l'Insee en 2022, les prix alimentaires étaient 40% plus élevés en Martinique que dans l'Hexagone.

Des hypermarchés ont été bloqués le week-end dernier à l'appel du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéennes (RPPRAC). Depuis le 1er juillet, ce collectif a adressé "une injonction" aux acteurs de la grande distribution martiniquaise, les sommant d'aligner leurs prix sur ceux pratiqués dans les commerces de métropole. Un ultimatum avait été fixé au 1er septembre. Par ailleurs, ce Rassemblement a appelé au blocage de l'île jusqu'à ce que la transparence soit faite sur les négociations en cours. L'Etat, les distributeurs et les collectivités ont pour objectif une "baisse de 20% en moyenne du prix" de 2.500 produits de première nécessité.  

"Ce que nous sommes en train de vivre-là, ça discrédite le mouvement, c'est clair et net, car la mamie qui est chez elle, qui subit effectivement la vie chère, quand elle voit ce qu'il se passe, elle n'a ni envie de s'exprimer, ni envie de sortir de chez elle, poursuit-elle. Là, nous avons franchi un cap, nous avons franchi la ligne rouge, et on se demande quand ça va s'arrêter". "On aimerait voir plus de politiques s'impliquer dans un problème comme ça", a-t-elle poursuivi. "On aurait dû déjà avoir des politiques de Fort-de-France qui se manifestent, et là ce n'est pas le cas".

Pour lutter contre la vie chère, la Collectivité territoriale de Martinique s'est elle prononcée en faveur d'une "suppression des taux d'octroi de mer (taxe spécifique aux départements d'Outre-mer s'appliquant aux biens importés) et d'octroi de mer régional sur 54 familles de produits", soit "plusieurs centaines" de produits. Le Président du Conseil exécutif de Martinique, Serge Letchimy, assure avoir contacté le nouveau Premier ministre Michel Barnier afin de trouver une solution rapide.

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