Volkswagen ou les spéculateurs piégés
C'était la bonne affaire et les fonds d'investissement se frottaient déjà les mains. Le titre Volkswagen était l'un des plus surévalués du monde, estimait lundi encore le magazine américain Barron. Il allait s'effondrer. Une bonne opération de vente à découvert en perspective.
La vente à découvert est une opération boursière très appréciée des petits malins, mais risquée. Elle consiste à revendre un titre que l'on ne possède pas encore, en posant dessus une option d'achat. Le spéculateur fait le pari - ou croit savoir - que le titre va baisser entre le moment où il vend ce titre qu'il n'a pas encore, et celui où son option d'achat va se déclencher, l'obligeant à payer le titre. Ainsi, il vend son action plus cher qu'il ne l'achète.
_ En rachetant ensuite le titre une fois qu'il a baissé, le parfait petit spéculateur fait deux bonnes affaire en une, puisqu'il peut le revendre dès qu'il remonte.
Porsche en trouble-fête
Le titre Volkswagen valait 240 euros avant son envolée. Un montant très élevé compte-tenu de la crise touchant le secteur automobile, qui n'épargne pas le champion allemand. D'où l'anticipation d'une baisse du titre. Mais rien ne s'est passé comme prévu.
C'est un autre constructeur, Porsche, qui est venu jouer le rôle du chien dans ce juteux jeu de quilles. A la surprise générale, le fabriquant de voitures de sport a annoncé dimanche sa montée en puissance massive dans le capital de Volkswagen, à l'issue d'un long feuilleton financier. Porsche possède désormais plus de 74% du capital de Volkswagen.
Panique à l'achat
Stupeur et tremblements parmis les fonds d'investissement. La perspective d'une baisse du titre s'éloignait, et celle des plus-values avec. Seule solution pour que l'opération reste rentable, racheter tout de suite des titres pour se couvrir. Les spéculateurs pourraient toujours les revendre en profitant de la hausse.
_ Le problème, c'est que les titres Volkswagen sont devenus une denrée rare. En effet, Porsche possèdant 74% du capital, et Land allemand de Basse-Saxe environ 20%, celà ne laisse que 6% du gâteau à se partager à la corbeille de la bourse de Francfort. Tous les fonds angoissés se sont donc précipités, provoquant ce fameux mouvement de panique à l'achat... et une montée en flèche du titre.
A ce jeu de chaises musicales, de nombreux fonds risquent bien de boire un bouillon amer. Ce matin, l'action Volkswagen valait 1005 euros. Pour se consoler, les perdants pourront toujours essayer de revendre leurs Porsches.
Grégoire Lecalot
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