Primaire PS à Marseille : le clash Carlotti-Ghali en quatre actes
La ministre, éliminée au premier tour de la primaire socialiste, a été invitée par sa concurrente Samia Ghali, qui l'a battue, à s'interroger sur sa place au gouvernement.
Jean-Marc Ayrault a dû intervenir. Le Premier ministre a apporté son soutien à la ministre déléguée aux Personnes handicapées et à la Lutte contre l'exclusion, lundi 14 octobre, au lendemain de sa défaite lors du premier tour de la primaire socialiste à Marseille. Marie-Arlette Carlotti a été battue par Samia Ghali, sénatrice PS, et Patrick Mennucci, député PS.
Un conseiller du Premier ministre a signalé que Jean-Marc Ayrault recevrait la ministre cette semaine pour lui assurer qu'elle avait "toute sa place au sein du gouvernement". "Une démission n'est pas à l'ordre du jour", ont également déclaré les proches de la ministre pour faire taire les rumeurs. Des soutiens qui tentent de mettre un terme à la passe d’armes qui se déroule depuis l'annonce des résultats entre la ministre et Samia Ghali, arrivée en tête du scrutin.
Acte 1 : Marie-Arlette Carlotti dénonce le "clientélisme"
A l'annonce des résultats plaçant Samia Ghali et Patrick Mennucci en tête, Marie-Arlette Carlotti a dénoncé un "fonctionnement à plein régime du clientélisme" dans ce scrutin : "Personne n'avait vu jusqu'à présent ce système fonctionner avec une telle puissance, avec un tel sentiment d'impunité, à la vue de tous, avec des dizaines de minibus qui sillonnent la ville, avec des échanges d'argent, des intimidations, le tout avec une organisation que je qualifierais de paramilitaire".
Des propos qui visent, sans la nommer, la sénatrice qui sort en tête de ce premier tour. Début octobre, Mediapart a évoqué les avantages distribués par Samia Ghali à ses proches, grâce à ses mandats locaux. Selon des sources proches du PS, Jean-Marc Ayrault a manifesté à sa ministre son mécontentement quant à sa réaction virulente.
Acte 2 : Samia Ghali assume les minibus
"Si le transport à Marseille fonctionnait correctement un dimanche... Je n'ai pas choisi de mettre un bureau par arrondissement", a expliqué Samia Ghali sur Europe 1, assumant ainsi la mise en place de minibus pour permettre à ses soutiens d'aller voter. Elle s'est appuyée sur la Haute autorité des primaires pour rappeler la régularité de sa démarche, avant de tracer un parallèle audacieux : "Obama a eu une campagne de proximité où il est allé chercher les gens, on n’a pas dit qu’il faisait du clientélisme."
Concernant les "échanges d'argent" évoqués par Marie-Arlette Carlotti, elle a nié tout achat de voix : "Je n’ai rien acheté du tout. C’est insulter les plus de 5 000 Marseillais qui ont voté [pour moi]".
Acte 3 : Ghali invite Carlotti à démissionner
Allant plus loin que la simple défense, Samia Ghali s'est énervée sur Europe 1 : "[Marie-Arlette Carlotti] est ministre. Qu’elle reste à sa place. On a le devoir de se tenir correctement. Elle a été rappelée à l’ordre. Et moi, je la rappelle à l’ordre pour dire : 'stop !'". La sénatrice a même lancé sur iTélé, lundi matin : "Si j'étais à sa place, peut-être que je rendrais mon poste de ministre". Et de se demander si la perdante n'a pas été sanctionnée en raison "de son travail de ministre".
Arrivé deuxième, le député Patrick Mennucci, qui a reçu dimanche soir le soutien de Marie-Arlette Carlotti pour le second tour, a qualifié d'"absurdes" les propos de Samia Ghali : "Mme Carlotti est ministre, il n'appartient certainement pas à Samia Ghali de décider si elle doit le rester ou pas."
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