À vrai dire. Les élections européennes se résument-elles vraiment à un duel ?
La Une des journaux est accaparée ces dernières semaines par un duel qui verrait s'affronter le parti d'Emmanuel Macron à celui de Marine Le Pen. L'enjeu des élections européennes ne se résume pourtant pas à la victoire d'un seul mouvement politique. Non seulement ce scrutin se joue à la proportionnelle mais en plus, le succès d'un parti en France ne lui assure pas une majorité au niveau européen.
À en croire les titres de certains journaux, ces élections européennes en France seraient une redite de la présidentielle de 2017 : le parti d'Emmanuel Macron contre celui de l'extrême-droite dirigé par Marine Le Pen.
Pourtant, le mode de scutin n'a rien à voir avec celui d'une présidentielle. Et le choix ne se résume pas à désigner un gagnant. Car les élections européennes sont un vote à la proportionnelle.
Comment fonctionne un scrutin proportionnel ?
Le système est utilisé dans beaucoup de démocraties. À la proportionnelle, le pourcentage de voix obtenu par un parti correspond exactement au nombre de députés élus. Par exemple, 30% des voix donneraient 30% des sièges de députés.
Avec un scrutin proportionnel, même les plus petits partis peuvent être représentés. Il n'y a aucun avantage donné au parti qui arrive en tête.
"L'intérêt, explique Isabelle Coustet, cheffe du bureau du Parlement européen en France,est que toutes les tendances politiques qui existent dans les États membres peuvent s'exprimer au Parlement européen. Le système à la proportionnelle ne permet pas à un seul groupe politique d'avoir la majorité de 376 voix sur 751. Aucun groupe politique n'a jamais obtenu cette majorité. En fait, les tendances politiques vont être proportionnelles dans l'hémicycle et les groupes vont eux-mêmes former des coalitions entre eux sur des sujets différents lorsqu'ils seront amenés à s'exprimer sur des textes législatifs."
Quelle différence avec le système majoritaire ?
En France, le Parlement n'est pas élu à la proportionnelle. Au contraire, le premier emporte la mise.
En 2017, la République en Marche a décroché 308 sièges, ce qui représente 53% des 577 députés. Pourtant, le parti d'Emmanuel Macron n'avait obtenu que 43% des voix des électeurs.
Avec la proportionnelle intégrale, les députés LREM ne seraient pas majoritaires aujourd'hui à l'Assemblée nationale. Le parti présidentiel serait obligé de nouer des alliances avec d'autres mouvements pour gouverner.
A quoi ressemblera le futur Parlement européen ?
Avec le système proportionnel, presque toutes les voix comptent. Dans le cas des élections européennes, il y a quand même une barrière à l'entrée puisque les partis qui obtiendront moins de 5% des voix n'auront le droit à aucun élu.
Si l'on prend une projection de la répartition des 79 sièges européens de la France, en se basant sur la moyenne des derniers sondages (calculée par le journal le JDD le 19 mai), le Rassemblement National et la République en Marche feraient quasiment jeu égal. Mais la droite des Républicains, la France Insoumise, Europe Ecologie-Les Verts et l'Alliance Socialiste-Place Publique enverraient aussi des représentants au Parlement européen.
Des élus de tous bords donc. Mais "la victoire en France ne sera pas forcément la victoire au niveau européen, comme le démontre Isabelle Coustet. Puisqu'après, c'est l'addition des tendances politiques au Parlement européen dans les différents groupes politiques qui fera une victoire ou non d'un groupe et qui, de toutes façons, ne sera pas majoritaire".
Pour la cheffe du bureau du Parlement européen en France, "quand vous êtes député européen, vous n'êtes pas dans la majorité ou dans l'opposition, vous êtes dans un groupe qui a une position plus ou moins importante dans le Parlement européen et vous pouvez avoir, au cours de votre mandat, un rapport important, même si vous êtes considéré comme un groupe minoritaire".
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