Élections européennes : "On pense qu'il y a une surreprésentation de l'extrême droite dans la police et dans la gendarmerie", estime un sociologue
L'extrême droite est elle "surreprésentée" au sein de la police et de la gendarmerie ? Le Rassemblement national choisit en tout cas de s'adresser directement à cette part de l'électorat avec la publication, dimanche 2 juin, d'un visuel de campagne par le Rassemblement National. On y voit un gendarme en uniforme et gilet pare-balles, de dos avec le message : "Je suis gendarme, le 9 juin, je vote Bardella !" Le sociologue Sébastian Roché revient sur le positonnement du RN et sur la place de l'extrême droite au sein de l'extrême droite.
"On pense qu'il y a une surreprésentation de l'extrême droite dans la police et dans la gendarmerie, poursuit Sébastian Roché. Un ensemble de sondages ont été faits depuis presque une dizaine d'années maintenant. C'est difficile de l'estimer précisément, mais il y aurait entre une dizaine et une vingtaine de points de plus en faveur des partis d'extrême droite qui ont une offre politique qui peut coller avec la sensibilité d'une partie de la police et de la gendarmerie. Cela représenterait à peu près la moitié des effectifs des forces de l'ordre, selon une étude du Cevipof en 2021".
"Ce qui est particulier [avec cette affiche], c'est qu'on a une photo qui est utilisée par un parti politique, explique-t-il. Ce n'est pas le gendarme qui l'utilise". Ainsi, le parti d'extrême droite évite de tomber sous le coup de la réglementation militaire. "Lorsque vous avez un agent qui lui-même se met en scène dans son propre uniforme, à ce moment-là, il tombe sous le coup de la réglementation militaire qui stipule que l'uniforme est l'expression de l'armée et donc l'armée ne sert pas un parti politique", rappelle Sébastian Roché.
Le risque de "catégoriser" la gendarmerie
Si le général Christian Rodriguez, chef de la gendarmerie nationale, y voit une entorse au "statut militaire", l'affiche est anonymisée. "Ce que j'ai compris de la réglementation, c'est que ce n'est pas clairement interdit [d'utiliser l'image de l'institution]. Les partis politiques font feu de tout bois et ils ont, dans les démocraties, une extrême liberté de ton, analyse Sébastian Roché. Ils peuvent emprunter des symboles à toutes les sphères de la vie sociale, aussi bien religieuses que politiques. Ils ont une latitude très, très large".
Néanmoins, le sociologue comprend la réaction du général Christian Rodriguez. "Ce que critique le directeur général, c'est le risque pour lui que la gendarmerie soit étiquetée Rassemblement national. Or, un directeur général de la police ou de la gendarmerie veut avoir l'image contraire, il veut avoir l'image de la neutralité politique car il va servir des gouvernements différents, avec des majorités différentes. Il va toujours les servir suivant les règles de droit. C'est ça, l'image que veut véhiculer le directeur général".
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