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"Blitzkrieg", "D-Day", "romanichelle"... Les couacs en série de la campagne de Nathalie Loiseau pour les européennes

L'ancienne ministre, tête de la liste LREM aux élections européennes, mène une campagne truffée de polémiques. Franceinfo remonte le fil.

Article rédigé par franceinfo
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Nathalie Loiseau, tête de liste de la majorité présidentielle pour les européennes, lors de son meeting à Caen (Calvados), le 6 mai 2019. (DAMIEN MEYER / AFP)

"Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille", selon la célèbre formule de Jacques Chirac. Nathalie Loiseau en sait quelque chose. La campagne de la tête de liste LREM aux élections européennes est minée par les polémiques. Franceinfo revient sur ces couacs à répétition.

Un "Blitzkrieg positif" pour relancer sa campagne

En visite au Mémorial de Caen, lundi 6 mai, raconte L'Obs (article payant), la candidate regarde une carte représentant le front en 1940 et exposant le principe de la "Blitzkrieg", la guerre-éclair qui a permis à l'Allemagne hitlérienne d'étendre son emprise sur une partie de l'Europe au début de la Seconde Guerre mondiale. A la sortie de la visite, le journaliste de L'Obs interroge la candidate. Est-ce une "Blitzkrieg" qu'il faut qu'elle lance pour s'assurer d'arriver en tête le 26 mai au soir ? En guise de réponse, l'ancienne ministre des Affaires européennes, qui à trois semaines du scrutin est au coude-à-coude dans les sondages avec Jordan Bardella, le champion de Marine Le Pen, évoque alors l'idée d'une "Blitzkrieg positif". "Car nous sommes là pour proposer et non pour bombarder", explique-t-elle, citée par l'hebdomadaire. La formule martiale provoque un tollé.

Son "D-Day" et son "débarquement allié"

En meeting à Caen, lundi soir, Nathalie Loiseau, file la métaphore guerrière, cette fois à propos du débarquement du 6 juin 1944. "Nous sommes à Caen et ça ressemble un peu à un débarquement allié", lance-t-elle devant ses partisans. Et de renchérir : "Dans 20 jours, ce sera notre D-Day, notre jour J." Sans craindre la comparaison avec la grande offensive militaire alliée contre les nazis. Et ses milliers de morts.

La liste étudiante d'extrême droite

Mediapart a révélé, le 22 avril, que Nathalie Loiseau avait fait partie d'une liste d'extrême droite lors d'élections étudiantes, en 1984. Sur franceinfo, l'ancienne ministre des Affaires européennes a expliqué avoir été amenée sur cette liste "par quelqu'un qui était gaulliste". Il lui "proposait qu'il y ait du pluralisme à Sciences Po et qu'il y ait plus de femmes qui se présentent", a précisé la tête de liste LREM.

"J'aurais dû enquêter, j'aurais dû regarder qui étaient les autres colistiers", a-t-elle concédé. Elle aurait alors constaté que la liste, qui portait l'étiquette UED, était née sur les cendres du GUD et prônait l'union des droites.

Avoir figuré sur une liste où il y avait des gens d'extrême droite, c'est une vraie connerie.

Nathalie Loiseau

à franceinfo

Nathalie Loiseau, qui reconnaît venir de la droite, a souligné avoir "rejoint Emmanuel Macron pour combattre l'extrême droite. Vouloir faire de moi quelqu'un qui soit proche de l'extrême droite, c'est scandaleux ! C'est blessant."

La suppression de l'ENA, qu'elle a dirigée

Emmanuel Macron a confirmé, lors de sa conférence de presse, son intention de supprimer l'ENA, dont il est diplômé. Nathalie Loiseau, qui a dirigé le prestigieux établissement entre 2012 et 2017 avant de faire son entrée au gouvernement, a affirmé dimanche approuver cette suppression.

"Je suis soulagée qu'on donne un coup de pied dans la fourmilière, a-t-elle déclaré, dimanche 28 avril sur Radio J. "Je sais ce que j'ai pu faire pendant cinq ans à essayer de réformer cette école, il y a des choses que j'ai réussies, dont je suis fière, mais je sais aussi les limites auxquelles je me suis heurtée", a-t-elle développé, en pointant notamment "le manque de diversité" des élèves.

On se pose tous les mêmes questions : est-ce qu'on recrute vraiment tous les talents ou est-ce qu'il y a une distorsion avant que les gens arrivent jusqu'à nous ?

Nathalie Loiseau

à Radio J

Interrogée sur France Culture, lundi 29 avril, elle a condamné la façon dont elle avait été accueillie lorsqu'elle a pris la direction de l'école. "Je sais ce à quoi je me suis heurtée. C’est-à-dire énormément de conservatisme de la haute administration. Disons les choses : je n’ai pas été accueillie avec des fleurs en n’étant pas ancienne élève de l’ENA, femme de moins de 50 ans", a-t-elle déclaré. Avant d'ajouter : 

J’avais l’impression d’être une romanichelle quand je suis arrivée à la tête de l’ENA.

Nathalie Loiseau

à France Culture

La petite phrase de cette native de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) a aussitôt été épinglée par certains responsables politiques. "Ce 'rempart' face à l’extrême droite a manifestement été construit en carton-pâte...", a réagi Ian Brossat, tête de liste PCF aux européennes, estimant que Nathalie Loiseau stigmatisait la communauté rom.

"Mépriser les gens, c'est les traiter comme des romanichels. Le GUD a pas laissé de souvenir mais bien imprimé sa marque. Loiseau / Bardella [le candidat du Rassemblement national], l'extrême droite a bien 2 candidats aux européennes", a commenté Bastien Lachaud, député de la France insoumise.

La polémique sur les couples homosexuels

Nathalie Loiseau est l'auteure d'une bande dessinée publiée le 17 avril : L'Europe en BD. L'ouvrage aborde les grands thèmes de la campagne mais évoque aussi des sujets de société comme l'homosexualité. Des commentateurs ont ainsi repéré un passage sur le mariage de couples homosexuels en Europe et accusent Nathalie Loiseau de banaliser l'homophobie.

"Triste baffe aux personnes LGBT de toute Europe qui veulent l'égalité. Cette démonstration absurde marche avec tout ? L'IVG ? L'accueil des réfugiés ? Avec de tels 'progressistes', à quoi servent les conservateurs ?", a fait mine de s'interroger le député socialiste Boris Vallaud sur Twitter.

La principale intéressée a répondu à certains de ses détracteurs, dimanche, en partageant un extrait de son livre Choisissez Tout. Elle y parle de ses frères "gays". "Le Paris de la mode, c'est eux, leur fantaisie, leur lucidité parfois noire et souvent drôle, leur capacité à jouer à fond la comédie de la mode et à en connaître la vanité...", écrit-elle.

Elle a également condamné "l'homophobie" du dirigeant polonais Jaroslav Kaczynski. 

Une défense qui ne convainc pas Guillaume Mélanie, coprésident de l'association Urgence Homophobie. "M’expliquer que vos propos ne sont pas homophobes car vous aimez vos 'frères' gays qui sont géniaux car ils aiment la mode... c’est non", a-t-il réagi.

Interrogée par le magazine Têtu, Nathalie Loiseau condamne une "polémique fabriquée de toutes parts""Le petit garçon polonais de la BD est à côté de la plaque. C’est la réalité. Est-ce que cela veut dire que je suis d’accord ? Evidemment pas ! Je décris le monde tel qu’il est", s'est-elle défendue, précisant qu'elle n'avait "aucune leçon à recevoir" dans la lutte contre l'homophobie. "On est en train de s’amuser à détruire ce que je suis", a-t-elle poursuivi. Et de s'insurger : "C’est de la politique de caniveau et chacun juge sans savoir."

La messe à La Réunion

Dans le cadre d'un déplacement à La Réunion, Nathalie Loiseau a invité la presse à la suivre à une messe. Elle a été accusée, le 13 avril, par des élus de La France insoumise, de "piétiner la laïcité".

Jean-Luc Mélenchon a dénoncé une "grossière récup du christianisme". Un proche de la candidate LREM, cité par Le Figaro, a assuré que l'inscription d'un tel "déplacement privé" à l'agenda officiel relevait d'une "erreur humaine". Le chef de file de la France insoumise a alors accusé "la macronie" de n'avoir "pas de convictions", "juste des plans de com".

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