Résultats des européennes 2024 : Les Ecologistes-EELV passent de justesse la barre des 5%, avec 5,5% des voix, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur

Le score de la liste menée par Marie Toussaint s'est effondré d'environ 8 points par rapport à celui obtenu aux dernières élections européennes en 2019.
Article rédigé par Fabien Jannic-Cherbonnel
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Les écologistes arrivent loin derrière le Rassemblement national, le camp présidentiel et la liste du Parti socialiste, mais se rassurent en passant le seuil des 5%, le 9 juin 2024. (LEA GIRARDOT / FRANCEINFO / AFP)

Ils ont évité le pire. La liste de Marie Toussaint, soutenue par Les Ecologistes-EELV, a obtenu 5,5% des suffrages aux élections européennes, dimanche 9 juin, selon les résultats définitifs publiés par le ministère de l'Intérieur.

Les écologistes arrivent donc loin derrière le Rassemblement national (31,37%), le camp présidentiel (14,6%) et la liste du Parti socialiste (13,83%) mais se rassurent, alors que les sondages flirtaient ces dernières semaines avec le seuil des 5% nécessaires pour obtenir des sièges au Parlement européen. Un sondage réalisé par Ipsos pour Radio France et Le Parisien et publié le 6 juin donnait ainsi la liste écologiste à 6%.

Qui sont les candidats élus et avec qui vont-ils siéger ?  

D'après les résultats définitifs, les écologistes vont envoyer cinq élus au Parlement européen. Plusieurs candidats retrouveront leur siège, comme la tête de liste Marie Toussaint ou l'ancien secrétaire national du parti David Cormand. L'ex-directeur de campagne de Yannick Jadot, Mounir Satouri, 4e sur la liste, retrouve lui aussi son poste d'eurodéputé, comme l'agriculteur Benoît Biteau. De nouvelles têtes font aussi leur entrée dans les hémicycles de Strasbourg et Bruxelles : l'élue lilloise Mélissa Camara, proche de Sandrine Rousseau et 3e sur la liste, ainsi que la sociologue Majdouline Sbai (5e position). 

Les écologistes français siégeront avec leurs homologues écologistes allemands, belges et néerlandais au sein du groupe Les Verts/Alliance libre européenne.

Comment les membres du parti ont-ils réagi ? 

"Face à la guerre menée à l'écologie, nous avons tenu bon, mais nous reculons, et nous reculons nettement", a reconnu dimanche soir la tête de liste des Ecologistes-EELV, Marie Toussaint, depuis son quartier général. "Notre défaite est sèche, elle est amère, elle ouvre la porte à tous les risques. Je prends évidemment mes responsabilités dans les difficultés dans cette campagne", a-t-elle ajouté.

L'eurodéputée s'en est ensuite pris à ses rivaux : "J'avais sous-estimé la force des lobbies et la bataille culturelle qui est menée en permanence contre nous et le vivant. L'absence de courage de la droite, des macronistes, et de socialistes européens qui nous ont allègrement fait porter la chapeau de politiques que eux avaient mises en place." 

De son côté, la patronne des écologistes, Marine Tondelier, a dénoncé "une attaque violente contre l'écologie" sur le plateau de France 2. "On a beaucoup parlé de 2027. Les résultats de ce soir me font trembler", a-t-elle asssuré. 

"J'en veux énormément au gouvernement : avec leur stratégie de faire un duel entre eux et le Rassemblement national, ils leur ont fait la courte échelle", a poursuivi Marine Tondelier, ajoutant être en "colère contre Emmanuel Macron".

Comment s'est déroulée la campagne des écologistes ?

La campagne a été difficile pour les écologistes, qui ont privilégié une liste unique plutôt qu'un rassemblement de la gauche. Lancée en grande pompe en décembre 2023 sur un air de "booty therapy", la campagne de Marie Toussaint a eu du mal à imprimer. L'eurodéputée sortante a été rapidement dépassée dans les sondages par son concurrent socialiste, Raphaël Glucksmann. Fine connaisseuse des dossiers, parfois trop technique, l'ancienne militante associative a pâti de son manque de notoriété et d'une campagne qui a globalement peu tourné autour des questions environnementales.

Proposant d'abord de la "douceur", les Verts ont dû changer de stratégie durant les derniers mois de la campagne, face à l'érosion des intentions de vote dans les sondages. Menacés de disparation au Parlement européen, les soutiens de Marie Toussaint n'ont alors eu de cesse de rappeler "qu'il n'y a pas d'écologie sans écologistes", comme l'a encore déclaré la patronne du parti, Marine Tondelier, le 30 mai sur franceinfo

 

Quelles seront les conséquences après ces résultats ? 

Le score de Marie Toussaint est un soulagement pour les cadres du parti écologiste. Deux motions opposées à celle de la patronne du mouvement, Marine Tondelier, ont déposé une demande d'organisation de congrès extraordinaire le 23 mai dernier, sans attendre le verdict des urnes, a rapporté L'Opinion.

La campagne en demi-teinte a réveillé les tensions internes. Au-delà des européennes, c'est la stratégie de la cheffe des Ecologistes-EELV qui risque d'être remise en cause, alors que plusieurs cadres du parti auraient préféré une liste unique à gauche. Les Verts partent en tout cas affaiblis dans la perspective des tractations avec La France insoumise et le Parti socialiste pour l'élection présidentielle de 2027.

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