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Spammeur, expert, showman... comment tweetent les députés européens ?

De ceux qui récitent leur agenda à ceux qui ont la fièvre du selfie, revue de ce que font les eurodéputés en 140 signes.

Article rédigé par franceinfo - Par Alix Hardy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon se situent aux première et deuxième places du palmarès des eurodéputés comptant le plus de followers sur Twitter, selon un classement réalisé par un journaliste belge.  (ALEXANDR KRYAZHEV / RIA NOVOSTI)

Deux tiers des eurodéputés sont sur Twitter, selon le site EUobserver (en anglais), mais tous n’ont pas le même niveau d’expertise du réseau social. Un classement (en anglais) réalisé par un journaliste belge révèle que les Français y sont parmi les plus influents. Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon se situent même aux première et deuxième places du classement en nombre de followers. Eva Joly, Daniel Cohn-Bendit, Rachida Dati et Harlem Désir trustent quatre autres positions du top 10.

Difficile de faire l'impasse sur cet outil quand on est en campagne pour les élections européennes. Mais les eurodéputés sont loin d'être tous experts en messages de 140 caractères... Du petit joueur au storyteller, francetv info a repéré les différents profils des députés européens sur Twitter.

Le néophyte

Le néophyte trouve sa vie de candidat très prenante. De meetings en bains de foule, dur, dur de rédiger des tweets pleins d'esprit à intervalles réguliers. La solution ? Il use et abuse de la fonction RT (retweet) pour signifier en un clic qu'il n'aurait pas dit mieux que le message qu'il vient de faire suivre.

Une autre stratégie consiste à lier ses publications Facebook et son compte Twitter, de manière à ce que l'activité postée sur l'un se répercute automatiquement sur l'autre. Mais à tweeter sans péril, on triomphe sans gloire : assez indigestes, les deux méthodes se rapprochent parfois du spam. 

Dans cette catégorie : Michèle Alliot-Marie, tête de liste UMP dans le Sud-Ouest.

Capture d'écran du fil Twitter de Michèle Alliot-Marie, tête de liste UMP aux européennes dans le Sud-Ouest, le 21 mai 2014. (MICHELE ALLIOT-MARIE / FRANCETV INFO)

Mais aussi Pierre Kanuty, candidat PS en Ile-de-France.

Capture d'écran du fil Twitter de Pierre Kanuty, candidat PS aux européennes en Ile-de-France, le 21 mai 2014. (PIERRE KANUTY / FRANCETV INFO)

Le bulldozer

Son équipe de campagne n'est pas encore rompue à la communication politique aseptisée, ou il tweete lui-même de son téléphone. Ce n’est pas parfait, des accords de participes passés se perdent en route, le langage n’est pas toujours châtié, mais ça sent la campagne, la vraie : le bulldozer apparaît comme un passionné qui en oublierait sa syntaxe pour laisser déborder son indignation. Un profil qui concerne essentiellement les partis pas trop imposants et/ou les primo-candidats.

Dans cette catégorie : Michèle Rivasi, eurodéputée EELV et tête de liste dans le Sud-Est.
Mais aussi David Sassoli, eurodéputé sortant italien, qui ne se censure pas, comme le montre ce tweet dans lequel on peut lire : "Ils font chier, les partisans de Grillo [le leader d'un mouvement contestataire et anti-partis] !"

Le spammeur

Il est jeune, inconnu, et n'a pas un radis pour financer ses affiches électorales. Du coup, il mise tout sur les réseaux sociaux pour faire parler de lui. Homosexualité, justice, faits divers... tout y passe, du moment qu'il peut donner son avis sur le sujet. Gare à l'indigestion !

Dans cette catégorie : Louis de Gouyon Matignon, tête de liste du Parti européen, uniquement présent dans la circonscription Ile-de-France, qui tweete en moyenne 60 fois par jour depuis le début de la campagne. 

L'expert

Il a engagé une équipe de communication et depuis, elle fait son travail. Photos, hashtags, annonces des rendez-vous, et citations fortes, rien ne manque. Si ce n'est un grain de folie ou une pointe d'humour, qui briserait la monotonie des tweets annonçant un énième meeting ou invitant à regarder une interview donnée à tel média. 

Dans cette catégorie : Jean-Luc Mélenchon, à l'équipe de campagne efficace. 

Mais aussi Eva Joly, Marine Le Pen, Pervenche Berès, et la plupart des politiques très suivis sur Twitter. 

Le showman

En plus de maîtriser les codes du réseau, le showman prend des risques. Tractage, visite de l'industrie locale ou excursion dans l'arrière-pays régional, tout est prétexte à un tweet enjoué pour raconter une rencontre, un détail, une anecdote, ou publier une photo léchée. Un mode de communication calculé, qui utilise le caractère informel du réseau social pour se rapprocher de l'électorat. Attention à garder un second degré salvateur, sans quoi le storyteller tombe illico dans le ridicule.
 
Dans cette catégorie : le meilleur est Nigel Farage, à la tête du parti eurosceptique britannique Ukip, qui brandit le selfie à tout-va, et fait de l'humour pince-sans-rire.
 
Le moins convaincant : Frédérique Ries, eurodéputée belge, qui se recueille devant la caméra et s'initie à l'aviron. 

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