Davantage d'habitants, de candidats et de suspense : un scrutin municipal inédit dans les nouvelles communes fusionnées
Environ 2 500 communes françaises ont fusionné ces dernières années. Pour ces collectivités, les enjeux de ces élections municipales sont bien différents du scrutin de 2014.
C'est "le" sujet de la campagne des élections municipales à Saint-Sauveur-Villages : la toute récente fusion de sept anciennes communes, dans le département de la Manche. Désormais, les 4 000 habitants font partie de la même collectivité. C'est d'ailleurs une tendance générale en France : 2 500 communes ont en effet décidé de fusionner ces dernières années, pour former un peu plus de 800 communes nouvelles. On est ainsi passé de 36 000 communes il y a dix ans à un peu moins de 35 000 à l’heure des municipales 2020.
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À Saint-Sauveur-Villages, la première conséquence de la fusion se lit sur les panneaux électoraux : là où chaque village avait une liste unique, avec autant de candidats que de sièges et donc un scrutin sans surprise, il y a désormais trois listes, qui se disputent les 29 sièges de la commune nouvelle. Les candidats peuvent se permettre de lancer des projets, d'avoir des idées, car en plus du regroupement des budgets, il y a le coup de pouce de l'État : 10% de dotation supplémentaire, soit en l'occurrence 60 000 euros en plus, pendant au moins trois ans.
De nouveaux projets
Pour Franck Vilquin, l’une des têtes de liste, la priorité serait de créer une bibliothèque : "Une commune de petite taille ne peut pas s'autoriser cela, tout simplement parce que [cette bibliothèque] risque de ne pas servir. Mais sur une population beaucoup plus importante, je dirais que c'est assez logique, le service serait tout à fait légitime."
Plus on est nombreux, plus la probabilité que les gens viennent franchir la porte de la bibliothèque est importante.
Franck Vilquin, candidat aux municipalesà franceinfo
Sa concurrente, Aurélie Gigan, va plus loin : pour elle, il faut une médiathèque et même un city-park pour les loisirs des jeunes. Mais attention, précise-t-elle, il ne faudrait pas que désormais, tout aille à Saint-Sauveur, le village-centre, celui qui est le plus peuplé et qui est aussi le siège de la nouvelle mairie. "Je pense qu'il faut rester vigilant pour ne pas que tout se centralise et tout se retrouve au même endroit et du coup accélérer cette désertification de lieux un peu plus éloignés de la commune la plus importante", prévient-elle.
Elle propose donc de conserver des structures consultatives dans les anciennes communes, la loi le permet. Cela ne suffira sûrement pas à convaincre la troisième liste, celle d'Hubert Rihouey, l'ancien maire du Mesnilbus, une des sept communes d'origine. Il a fait une liste avec uniquement des habitants de son village. Avec sa supérette et sa station-service municipale, il estime qu'il n'a pas besoin des autres. Comme en plus il est fâché avec les élus voisins, il veut désormais défaire la fusion : "L'idée était bonne, mais j'ai été déçu de la façon de présenter les choses. Les habitants et tout le conseil municipal nous ont poussés pour qu'on essaie de ressortir." C’est au préfet qu'il appartiendra de se prononcer à nouveau sur les contours de la commune nouvelle, une fois que les électeurs auront voté.
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