"Il a basculé du côté obscur de la politique" : quand adjoint et maire sortants se déchirent dans une commune de l'Oise
C'est une campagne à couteaux tirés... À Crèvecœur-le-Grand (Oise), petite commune de 3 600 habitants, la campagne pour les élections municipales est particulièrement tendue. L'actuel premier adjoint a décidé de défier le maire sortant.
Lors des élections municipales, certaines villes se déchirent. C'est le cas de la petite ville de Crèvecœur-le-Grand, où il y a désormais deux camps : ceux qui soutiennent le maire sortant, et ceux qui lui préfèrent son premier adjoint. "Monsieur le maire, je l'adore ! Depuis qu'il est maire, nous sommes tranquilles", lance un habitant. "Ça fait un moment qu'il est à la tête de la ville, il faut peut-être qu'il laisse sa place. Un jeune, ce sera peut-être mieux", lui répond un autre. "Moi je ne vais pas voter, je trouve cette situation nulle, complètement nulle", se désole un troisième électeur. "Avant, ils étaient ensemble et maintenant, ils se tirent dans les pattes", déplore cet habitant.
Cette élection municipale est effectivement un crève-cœur pour beaucoup d'habitants : André Coët, maire de la commune depuis 2001, se voit défié par son premier adjoint, Aymeric Bourleau. "Ça s'appelle une traîtrise", dénonce le maire divers-droite âgé de 69 ans, candidat pour un quatrième mandat.
La concurrence jusque dans la couleur du tract
Les sujets de tensions sont nombreux, jusque dans les moindres détails. "Depuis 2001, par exemple, je fais des tracts sur du papier vert", explique André Couët. "Eh bien monsieur a lancé son premier tract sur du papier vert... On gardera notre couleur, c'est ma couleur", éructe le maire sortant, qui n'a pas de mots assez durs contre son ancien adjoint. "Il n'a pas inventé la poudre... D'ailleurs, il n'a jamais rien inventé", lance-t-il.
En face, Aymeric Bourleau, 38 ans, évoque la promesse non tenue du maire, qui lui aurait assuré vouloir passer la main. "En 2020, ce sera toi le candidat", lui aurait-il promis. "C'est absolument faux, je lui ai dit 'On verra, on verra la prochaine fois peut-être'", nuance André Coët. "Finalement, j'ai décidé de repartir. Je fais ce que je veux", répond le maire. "J'ai bon espoir qu'à un moment donné, il retrouve le chemin de la vérité", tacle l'adjoint en retour.
À mon sens, il a basculé du côté obscur de la politique.
Aymeric Bourleau, adjoint et concurrent du maire sortantà franceinfo
Cette campagne un peu particulière peut-elle abîmer l'image de la politique au plan local ? "Les dommages causés sont liés aux motivations du maire sortant, qui semblent être surtout personnelles et matérielles", suggère Aymeric Bourleau. Bref, la réconciliation entre les deux hommes semble impossible, encore moins d'ici les élections. Car les deux anciens alliés campent sur leurs positions. "Je m'appelle 'Coët', cela veut dire 'bois' en breton. J'ai une tête de bois, donc j'irai jusqu'au bout", promet le maire sortant. "Ce n'est pas la guerre, mais on va aller à la bagarre", conclut-il.
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