Meeting Copé-Fillon à Strasbourg : les militants dépités par les "affaires"
Jean-François Copé et François Fillon tenaient un meeting commun à Strasbourg, mercredi soir. Les militants ne les ont pas franchement accueillis à bras ouverts.
Le scénario était écrit d'avance. A deux semaines et demi des élections municipales, Jean-François Copé et François Fillon ont cherché à donner une image d'unité au sein de leur famille politique, en tenant un meeting commun à Strasbourg, mercredi 5 mars, pour soutenir la candidate UMP Fabienne Keller.
Les affaires soigneusement esquivées
Le temps de quelques heures, le président du parti et l'ancien Premier ministre ont mis de côté leurs différends et esquivé "les sujets subalternes", pour reprendre les mots de Jean-François Copé, qui ont perturbé l'actualité de ces derniers jours : les révélations du Point, qui l'accuse d'avoir favorisé des proches aux dépens des finances du parti ; l'affaire Buisson, avec la diffusion de plusieurs enregistrements de Nicolas Sarkozy réalisés clandestinement par son ancien conseiller ; ou encore la perquisition menée chez l'avocat de Nicolas Sarkozy, dans une enquête pour trafic d'influence liée à l'affaire Bettencourt.
Sans surprise, Jean-François Copé et François Fillon ont tous les deux préféré dresser un long réquisitoire sur la politique de François Hollande et du gouvernement, appelant les Français à profiter des élections municipales pour sanctionner l'exécutif. "L'intérêt national nous commande d'être rassemblés et combatifs pour gagner ces municipales", a ainsi martelé l'ancien Premier ministre. "Je ne laisserai pas détourner le débat public de l’essentiel, de ce qui préoccupe les Français, l’emploi, la fiscalité", a acquiescé Jean-François Copé.
La venue de Copé "risque de nuire à la campagne"
Voilà pour la scène… Dans la salle, l'ambiance était nettement plus froide. "Avec tout ce qu'on dit ces derniers jours sur Sarkozy, Copé, l'UMP… Tout ça donne une mauvaise image. Copé aurait pu s'abstenir de venir. Sa venue risque de nuire à la campagne de Fabienne Keller, grince Raymond, 76 ans, militant et donateur de l'UMP. On n'a pas envie d'être pollués par les affaires à Paris." Pierre est du même avis : "Je suis venu parce que je suis militant, et qu'on n'a pas l'occasion de les voir tous les jours, surtout ensemble. Mais je me demande si tout ça ne fait pas un peu désordre." André, lui non plus, ne cache pas son scepticisme : "La venue de Copé et Fillon attire du monde. Mais pour des élections locales, on n'a pas besoin des personnalités nationales. Surtout en ce moment, avec toutes ces affaires ! Au final, ça pourrait même être contre-productif. Moi, je crois que Fabienne n'a pas besoin de Copé et Fillon pour gagner."
Plus d'un an après, la guerre fratricide entre Jean-François Copé et François Fillon est encore dans toutes les têtes. "On se demande si Fillon et ses amis ne sont pas derrière tout ça. Après tout, ils avaient peut-être intérêt à savonner la planche de Copé pour se venger ?" s'interroge Patryk, qui a soutenu le député-maire de Meaux lors de l'élection du président du parti. "A force, on ne sait plus si l'on doit encore croire Copé, s'agace à l'inverse Katel, qui a voté Fillon en novembre 2012. Il assure qu'il n'a rien fait de mal, qu'il va porter plainte... Dont acte. Mais ça commence à faire beaucoup. Après tout, il n'y a pas de fumée sans feu !"
A ses côtés, Michel, un retraité, l'interrompt : "Tout ça est orchestré par les médias pour faire perdre l'UMP. Avoir le soutien des poids lourds du parti, c'est important. Il ne faut pas qu'on se laisse déstabiliser. De toute façon, les gens ont la mémoire courte. Le Point, Buisson... Dans trois jours, tout ça sera oublié !" Un avis bien loin d'être partagé par la majorité des militants présents ce soir-là.
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